Si le mécanisme mis en place pour l'établissement du passeport et de la carte nationale commence à se huiler, il est un problème sérieux qu'il faut dès aujourd'hui résoudre : la santé des employés des daïras soumis à une charge de travail inhumaine. Les employés de la daïra de Chéraga sont excédés par le rythme de travail fou auquel ils sont soumis. Depuis le lancement de l'opération d'établissement des documents biométriques, leur charge de travail s'est alourdie, et le stress, déjà latent, a fini par fragiliser leur santé. Visiblement fatigués, les trois préposés au guichet spécialisé dans le traitement du passeport et de la carte nationale, tentent, tant bien que mal, de répondre aux sollicitations du public. Et de répéter, telle une antienne, la procédure à suivre qui consiste à fournir un dossier constitué d'un certain nombre de documents, remplir le formulaire et, enfin, téléphoner au centre d'appel de la daïra pour l'obtention d'un rendez-vous pour le dépôt du dossier. Une note est d'ailleurs affichée sur les murs de la salle d'accueil, expliquant toute la démarche à suivre ainsi que le numéro d'appel, mais beaucoup de demandeurs préfèrent entendre les explications de vive voix auprès des guichetiers. De quoi ajouter à la tension de ces derniers, obligés à la fois de traiter les dossiers et de répondre aux interrogations légitimes des usagers. Frôlant la soixantaine, «diabétique depuis plusieurs années», comme il a tenu à le préciser, un des employés arrive à peine à contenir sa colère. «Même pas le temps d'aller prendre un casse-croûte», fulmine-t-il à la question de savoir comment se déroulait l'opération. Selon lui, l'organisation du travail est telle qu'il est impossible de prendre la moindre pause. Et pour cause, les nouvelles pièces biométriques exigent du temps et de la concentration. Il faut en effet vérifier si chaque volet du formulaire a été correctement rempli, et si toutes les pièces exigées, au nombre de 8, sont conformes, ensuite procéder aux opérations de saisie sur microordinateur et, enfin, de prise des empreintes et de la photo biométrique. Son collègue explique que, pour leur bonheur, le nombre de dossiers à traiter est limité à 38-40 par jour, soit la moitié de ce qui leur a été imposé au début. «Si je vois le ministre de l'Intérieur, je lui toucherai un mot sur ce que nous endurons», ose un de nos interlocuteurs, impatient de terminer une journée harassante, où la moindre pause est interdite. «Si au moins on avait deux brigades comme à la poste, les choses iraient mieux pour tout le monde», espère-t-il. Les conditions de travail ne sont pas idéales non plus dans les autres daïras. Un guichetier, qui se dit «harcelé» et par ses supérieurs et par le public, avoue que le passeport et la carte nationale biométriques n'ont fait qu'ajouter à sa peine. «Expliquer du matin au soir les démarches à suivre, de surcroît à des personnes souvent illettrés, et s'exposer en plus aux remontrances de certains usagers, ce n'est pas la joie…», dit-il en précisant toutefois que la tension des premiers jours a sensiblement baissé. Son chef de service indique que tout est rentré dans l'ordre ces dernières semaines. De la persévérance et beaucoup de temps Cependant, l'allègement des procédures n'a pas influé sur le temps qui s'écoule entre la constitution du dossier, sa remise et le retrait des pièces biométriques. Si le formulaire-questionnaire a été réduit de 6 à 3 feuillets, et si, aujourd'hui, le mécanisme d'obtention des documents biométriques est assez bien rôdé, le problème reste entier quant à l'obtention du rendez-vous. Les citoyens qui arrivent ces jours-ci à accrocher le numéro d'appel – une opération qui demande beaucoup de persévérance –, il leur est demandé de patienter jusqu'au mois d'octobre pour déposer leur dossier. De quoi désemparer certains citoyens appelés à se rendre d'urgence à l'étranger, qui pour une Omra, qui pour une raison professionnelle ou des soins. La plupart ne savent pas quelles sont les démarches à entreprendre en pareil cas. Il est vrai, aussi, que les panneaux d'affichage sont avares d'informations. Encore une fois, il faut donc s'en référer… aux préposés aux guichets. Incontournables, c'est à eux aussi qu'échoit cette tâche. Ils nous l'ont démontré hier en expliquant à de nombreux citoyens que le formulaire n'est délivré que sur présentation de l'extrait de naissance 12 S ! Allez comprendre les raisons de cette décision qui s'apparente à de la vente concomitante.