A l'approche du mois de Ramadhan, c'est la ruée vers les marchands d'épices et de fruits secs pour la préparation des plats traditionnels consommés spécialement au cours de ce mois. Au niveau des marchés de la capitale, les étals des vendeurs informels se sont débarrassés des tenues sportives et des accessoires qui étaient commercialisés à l'occasion de la Coupe du monde. Ils ont remplacé ces articles par des épices et autres produits demandés par les familles algériennes pendant le mois sacré. Dans le tumulte des ruelles encombrées et bruyantes, limitrophes du marché de Bab El Oued, par exemple, la population se prépare déjà pour accueillir le mois de Ramadhan. «Ce sont des raisins secs en provenance d'Afrique du Sud», lance un jeune vendeur installé à côté du marché des Trois horloges de Bab El Oued. «Les prunes sèches sont importées d'Argentine et les pêches sèches de Turquie», a-t-il précisé pour assurer qu'il s'agit de produits de bonne qualité. Mais la qualité, ça se paye puisque les prix des fruits secs varient de 400 à 700 DA/kg. A l'intérieur du marché, par contre, les prix sont nettement inférieurs. Selon les marchands rencontrés au niveau de leurs étals, les prix qu'ils ont affichés n'ont pas changé. «Nous sommes des commerçants à longueur d'année et nous ne profitons pas de l'augmentation de la demande pour changer les prix, contrairement aux vendeurs occasionnels qui saisissent les occasions pour réaliser des gains substantiels.» Le marché informel n'est guère synonyme de prix moins chers. «Bien au contraire, ce sont des vendeurs occasionnels qui ne cherchent qu'à se faire un maximum d'argent», s'est plaint une ménagère, qui affirme ne pas changer ses habitudes alimentaires pendant le mois de Ramadhan. De son avis, ce sont les pics de consommation et l'affolement des familles qui encouragent les commerçants à augmenter les prix. «C'est justement la crainte de la hausse des prix durant le Ramadhan qui me pousse à doubler les achats et à préparer des stocks de produits alimentaires, y compris le sucre, le concentré de tomate et tous les autres produits.» C'est l'hécatombe ! Non, c'est juste par précaution, a-t-elle répondu, convaincue de son comportement. Au niveau des marchés de la capitale, la fourchette des prix varie d'un marchand à un autre, alors qu'il ne s'agit pas forcément de produits agricoles de meilleure qualité. Les étals de fruits frais, par contre, sont bien achalandés à tel point que certains vendeurs à la sauvette peinent à répondre à la forte demande. Les pêches, les raisins, les pommes sont proposés à des prix à la portée de tout le monde. Pourvu que cette offre soit disponible au cours du mois sacré, a souhaité un père de famille. Ces fruits pourront remplacer les dattes dont les prix sont hors de portée. Hormis le volet alimentaire, le mois de Ramadhan est aussi celui du renouvellement de la vaisselle. C'est un phénomène qui a gagné les familles algériennes depuis plusieurs années déjà, surtout depuis l'arrivée des produits chinois sur le marché. L'importation en grandes quantités de vaisselle chinoise, de moindre qualité, cédée à des prix relativement bas, a créé une habitude chez les ménagères qui aiment changer les assiettes chaque année. C'est pour bien accueillir le mois sacré, a estimé une dame, qui profitait aussi pour acheter d'autres ustensiles de cuisine. «C'est ridicule», murmura une mère de famille pour qui le mois sacré n'est pas du tout une occasion pour le gaspillage.