La production oléicole ne se présente pas sous les meilleurs auspices cette année. Selon les prévisions faites par la direction de l'agriculture de la wilaya de Tizi Ouzou, elle ne dépassera pas 200 000 q. Il faut dire que cette saison, estimée comme la plus faible depuis des années, a déjà pris fin dans certaines régions de la wilaya de Tizi Ouzou, en raison de la faible récolte. Contrairement à l'année dernière où la production qualifiée de record avait atteint près de 700 000 q, celle de cette année connaît un rendement est de 6q/ha, alors qu'il était de l'ordre de 25 q/ha l'année dernière. C'est dire si l'écart est énorme. Il est à signaler que cette baisse vertigineuse de 500 000 q a été quelque part prévisible pour les connaisseurs du domaine, qui estiment que l'olivier produit plus une fois chaque toutes les deux années. C'est-à-dire que sa production est bisannuelle. Par ailleurs, l'abondance de la production de la saison précédente a repoussé la récolte jusqu'à la période de reproduction de l'olivier, ce qui a complètement compromis sa fructification à temps. C'est du moins ce qu'estiment les connaisseurs. En outre, cette même période a coïncidé avec les premières chutes de pluie et les vents forts qui ont donné le coup de grâce à la nouvelle saison. Il faut noter que l'olivier est un élément fondamental du paysage de la capitale du Djurdjura qui compte une superficie de 23 000 ha d'oliveraies, et se voit rétrécir comme une peau de chagrin dans cette wilaya qui comptait il y a quelques années approximativement 27 658 oliviers qui occupaient une superficie de 32 971 ha. Les huileries ne tournent pas à plein régime La wilaya de Tizi Ouzou compte pas moins de 416 huileries, dont 93 modernes et 323 traditionnelles. L'année dernière, toutes ces huileries ont tourné à plein régime, et la période pressurisation s'est étalée jusqu'à la fin du mois de mars, ce qui a fait le bonheur des propriétaires. Ce n'est guère la même situation pour la présente saison. Cette même opération de pressurisation tire déjà à sa fin, et de nombreuses huileries n'ont tourné qu'avec un régime minimum. C'est dire que de trois mois, cette période a baissé jusqu'à un mois seulement à cause de la mauvaise récolte. Les propriétaires étaient même contraints d'offrir certains services gratuits, comme la prise en charge des frais de transport des olives afin d'attirer le plus grand nombre de clients. C'est une sorte de course à qui va séduire les citoyens qui s'est engagée dans certaines régions.
Les feux de forêt menacent l'oléiculture Cette baisse peut aussi s'expliquer par un facteur non négligeable que sont les feux de forêt qui ravagent chaque année des milliers d'hectares. L'été dernier, le bilan des services de la Protection civile sur les incendies de forêt a démontré l'ampleur de la catastrophe causée par 237 incendies des plus dévastateurs qui ont touché 65 communes sur les 67 que compte la wilaya. Les pertes en arbres fruitiers sont estimées à 15 402 dont la majorité est constituée d´oliviers. Les communes les plus touchées sont notamment Bouzeguène, Draâ El Mizan, Boghni, Aït Yahia, Mâatkas… La valeur de l'olivier, au prix des indemnisations, varie selon l´organisme qui concède un versement financier au citoyen qui perd sa propriété, pour que passe une route ou une ligne électrique. En moyenne, un olivier est estimé entre 20 000 et 25 000 DA quand c´est une entreprise qui rembourse. Quant c'est l´Etat, le prix d´un olivier est estimé approximativement à 6000 DA, une valeur contestée par les agriculteurs. En plus des pertes que subissent les ménages pour lesquels cet arbre est une source de revenu non négligeable. Une simple addition donne l´étendue du massacre économique subi par la wilaya chaque été. Ainsi, des milliers d'oliviers, parfois centenaires, partent en fumée chaque année à Tizi Ouzou. Au rythme où vont les choses, c'est l'oléiculture qui est menacée. Pour faire face à cette catastrophe, la direction des forêts a entamé une politique de replantation des oliviers. Cette opération entre dans le cadre d'un programme rural de proximité initié par la direction de la préservation des forêts. Selon la même direction, environ 33 058 oliviers sont plantés dans plusieurs localités de la wilaya. Les communes qui ont obtenu la part du lion de cet ambitieux programme sont Beni Douala, Mâatkas, Larbâa Nath Irathen et Aïn El Hammam. Le nombre de bénéficiaires est de 541 paysans, pour couvrir ainsi une superficie de plus de 24 157 ha. Il s'agit des localités qui ont été fortement touchées par les incendies. La commune de Beni Douala a bénéficié de l'implantation de plus de 22 334 oliviers, Mâatkas 2539 oliviers, 3800 à Aïn El Hammam et 1383 à Larbâa Nath Irathen. En outre, si la providence a été généreuse envers les communes précitées, tel n'est malheureusement pas le cas de la région d'Aït Yahia Moussa, où des milliers d'oliviers ont été dévorés par les flammes en 2007 et 2008 et où les paysans attendent indéfiniment leur indemnisation. Le prix de l'huile en nette augmentation La dernière saison, malgré son abondance, a vu les prix passer de 250 DA/l à 400 DA, alors que la production a été estimée à 10 millions de litres. Alors que cette nouvelle saison s'annonce d'ores et déjà des plus mauvaises, les prix de l'huile de la saison dernière varient entre 450 et 500 DA le litre. Faut signaler que selon les estimations, il est d'usage de voir les ménages stocker environ 80% de la récolte pour leur propre consommation et les 20% restants sont destinés à la commercialisation. C'est ce qui explique en partie cette montée spectaculaire du prix du litre d'huile d'olive sur le marché, et tout porte à croire qu'il connaîtra une nouvelle augmentation dans les semaines à venir, d'autant qu'en matière de traditions culinaires, la cuisine kabyle du terroir contient comme élément indispensable l'huile d'olive pour certains mets comme le couscous.