Depuis la nuit dernière, une douzaine parmi les grévistes de la faim de Hassi R'mel, dont leur porte-voix, ont dû subir des évacuations hospitalières à répétition suite à l'aggravation de leur état de santé traduite par une extrême faiblesse physique à laquelle, selon des sources médicales, ils ne peuvent encore résister et dont ils sont bien éclairés sur les conséquences malencontreuses qui peuvent survenir à tout moment. L'inquiétude se généralise du côté non seulement de leurs familles mais aussi d'une population toute entière, laquelle, craignant le pire, a pris l'initiative de désigner ce matin un comité de sages ayant pour mission de tenter de trouver une issue pour convaincre ces derniers de faire une trêve. Mais en vain, la trentaine de grévistes sont jusqu'à l'heure actuelle déterminés à n'écouter personne. «Il faut qu'une commission ministérielle soit dépêchée sur les lieux avant la fin de la semaine pour éviter que le mouvement de protestation ne se déplace à Alger.» Telle est la condition principale pour toute possibilité de dialogue, réitèrent-ils. Sur les lieux de la colère, le P/APC de la localité, l'inspecteur du travail, le chef de la daïra de K'sar El Hirane, une localité faisant jonction avec Hassi R'mel, ainsi que d'autres responsables locaux n'ont pas manqué d'afficher leur présence, proposant des promesses qui connaîtront, de l'avis de ces jeunes, «le même sort que les précédentes». Par ailleurs, quelque 150 personnes, dont la majorité est composée de vieux terrassés par le malheur que subissent leurs enfants, se sont rassemblées ce matin devant le siège de la daïra. L'on apprend dans ce contexte que ces derniers menacent de rallier le mouvement de protestation dans le cas où cette affaire ne connaîtrait un épilogue heureux. «Toute la population de Hassi R'mel observera une grève de la faim si les choses continuent ainsi», affirment des témoins sur place, lesquels craignent le pire. Parallèlement à la colère, les réactions aussi bien de soutien que de dénonciation commencent à pleuvoir. Il y a quelques heures, la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), qui qualifie de légitimes les revendications des protestataires, a rendu public un communiqué dans lequel elle affiche sa solidarité avec les grévistes. Elle insiste par la même sur la nécessité de l'égalité entre tous les Algériens en matière d'embauche, ce qui est un droit garanti par la Constitution et que seule la compétence doit être un critère principal lors de toute opération de recrutement. La LADDH appelle dans le même communiqué la société civile et les institutions chargées de la promulgation des lois régissant les relations du travail à dévoiler et dénoncer ce genre de comportement qui constitue une violation des droits de l'homme et une atteinte aux principes de l'Etat de droit. Par la voix de son secrétaire général, la même organisation insiste sur la nécessité de criminaliser tout acte visant la ségrégation entre les Algériens en termes de recrutement. Aussi, il est indiqué dans le communiqué en question dont nous détenons une copie que la LADDH invite les pouvoirs exécutifs et judiciaires à veiller à ce que tous les droits des Algériens dont celui de l'accès au travail soient assurés. Dans l'attente de jours meilleurs, les ambulances de la Protection civile de la ville de Hassi R'mel ne cessent de multiplier les aller-retour du siège de la daïra où ces jeunes ont campé à l'hôpital qui lui aussi semble connaître une situation pitoyable. Rappelons en conclusion que la situation critique de ces jeunes commence déjà à alimenter les JT des chaînes satellitaires. TF1, FR2, BBC, JSC ainsi que d'autres multiplient les contacts téléphoniques avec eux.