Le blocage des routes est réduit à un simple fait auquel recourent les habitants en mal de vivre dans la wilaya de Boumerdès pour exprimer leur ras-le-bol et résoudre leurs problèmes. Hier, c'était au tour des habitants de la commune de Keddara de recourir à ce mode de protestation, désormais banalisé, pour alerter les autorités sur les souffrances qu'ils subissent à cause de «l'exploitation anarchique des neuf carrières d'agrégats de leur localité». N'ayant pas vu de suites concrètes aux promesses qui leur ont été faites par le chef de daïra de Boudouaou, en juin dernier, concernant la prise en charge de leurs doléances, les habitants n'ont pas trouvé mieux que d'investir la rue reliant Keddara à Boudouaou, en contraignant des centaines d'automobilistes à rebrousser chemin pour rallier leur destination. Après les fermetures des institutions étatiques, les citoyens des communes de la région semblent avoir changé de méthode pour faire entendre leur voix et contraindre les autorités à agir promptement pour mettre un terme aux difficultés auxquelles ils font face quotidiennement. Mais ce genre d'action, qui s'avère être efficace, n'est pas, comme nous l'avions souligné dans nos précédentes éditions, sans conséquences sur les voyageurs et les automobilistes qui empruntent journellement les différents axes routiers de la wilaya. Hier, les habitants de Keddara ont exigé le déplacement du wali sur place pour lui faire part des conséquences du non-respect des normes en vigueur et des cahiers des charges de la part des entreprises exploitantes desdites carrières sur leur santé. «Nous avons déjà protesté à deux reprises en octobre et juin derniers contre les désagréments causés par les nuisances sonores dues à l'utilisation d'explosifs et aux va-et-vient incessants des engins de gros tonnage sur la santé de nos enfants, mais aucune décision n'a été prise pour résoudre ce problème et faire respecter la réglementation régissant l'exploitation des carrières», déplorent certains protestataires contactés par nos soins. Toutes les solutions proposées aux manifestants pour libérer la route à la circulation se sont avérées vaines. Certains responsables leur avaient demandé de désigner une délégation de cinq personnes qui sera reçue par le wali, mais ils avaient refusé. Hier, c'est une délégation composée de cadres de la direction de l'énergie et des mines qui s'est déplacée sur le lieu de la protesta pour discuter avec les manifestants et dénouer la situation. Notons que les autorisations d'exploitation des carrières à l'origine de la colère des citoyens sont délivrées par l'Agence nationale du patrimoine minier (ANPM). Certaines sources notent que c'est aux services de l'Agence nationale de géologie et de contrôle des mines (une sorte de la police des mines) qu'incombe la responsabilité de veiller à l'application des closes du cahier des charges et l'exploitation rationnelle desdites carrières. L'action des habitants de Keddara n'est que le résultat de l'absence flagrante des canaux de communication entre les autorités et leurs administrés. Avant-hier, aucun haut responsable n'a daigné intervenir pour calmer les habitants de la localité de Boukerroucha (Boumerdès), qui ont procédé à la fermeture de la RN24 en signe de protestation contre les problèmes prévalant au niveau de leur quartier. Dans la plupart des cas, ce sont les policiers qui se substituent aux responsables ayant failli dans leur mission de trouver des remèdes aux problèmes qui poussent les citoyens à recourir à la violence pour se faire entendre.