La région d'Aghribs, située à quelque 45 km au nord-est de Tizi Ouzou, est sur un brasier. Elle est devenue, en faveur de l'accélération des événements, une sorte de poudrière qui risque d'éclater d'un moment à l'autre tant tous les ingrédients sont réunis. En effet, après les violents affrontements autour de la construction d'une nouvelle mosquée enregistrés, mardi dernier, en fin de journée , entre les villageois et les membres de l'association religieuse, voilà que le conflit prend une autre tournure qui risque de déboucher sur des situations jusque-là insoupçonnées. Si le calme est revenu suite aux affrontements qui ont opposé les membres de l'association religieuse, qualifiés de salafistes purs et durs, aux villageois qui s'opposent depuis plusieurs mois à la construction d'une nouvelle mosquée, le comité de village vient de faire part de son intention de ne pas lâcher prise et de défendre la pratique d'un islam de tolérance tel que pratiqué par les ancêtres. C'est dans ce sens que ledit comité a rendu public, jeudi dernier, un communiqué dans lequel il a tout simplement appelé à bannir les salafistes du village pour avoir entrepris de réaliser une nouvelle mosquée sans l'aval de ce dernier. Dans le même document, les rédacteurs s'interrogent sur le silence des autorités face à ce qu'ils qualifient de dépassements. C'est une sorte de guerre d'idéologie à laquelle nous assistons. Les habitants d'Aghribs refusent et s'opposent farouchement à l'idéologie salafiste qu'ils combattent avec tous les moyens pacifistes à leur disposition. Les citoyens de cette région n'acceptent pas, selon les termes du communiqué cité plus haut, à ce qu'un autre Islam, autre que celui des ancêtres, vienne semer la zizanie entre les membres d'une même communauté. Il est vrai qu'on ne peut parler de conflit communautaire, car le nombre des membres de l'association religieuse est insignifiant comparé aux habitants d'Aghribs. En tout cas, ce qui s'est passé mardi dernier renseigne sur la gravité de la situation qui prévaut dans cette région des Ath Djennad. Le fossé qui sépare les deux belligérants est tel qu'une quelconque «réconciliation» semble d'emblée impossible. L'inauguration le 4 août dernier après des travaux de rénovation de la mosquée de Sidi Djaffar, qui date de près de trois siècles, semble avoir remis le feu aux poudres entre les deux parties. Les membres de l'association religieuse avaient repris les travaux de réalisation d'une nouvelle mosquée qui était déjà au centre d'un grand conflit au mois de janvier dernier, période à laquelle un affrontement s'était déjà produit. La tentative de règlement du conflit entreprise par les villageois qui ont fait appel à différents archs de la Kabylie maritime a été coupé court, puisque les membres de l'association religieuse avaient boycotté ladite réunion. Ce boycott a nourri le différend. Entre temps, les autorités observent un silence radio devant cette affaire qui risque d'éclater d'un moment à l'autre.