Dans une déclaration rendue publique au lendemain des affrontements pendant lesquels plusieurs citoyens d'Aghribs ont été blessés, le comité de village dénonce le mutisme des autorités. Les affrontements entre la population d'Aghribs, à 45 kilomètres au nord de Tizi Ouzou, et un groupuscule de salafistes qui ne semble pas avoir lésiné sur la hargne et la violence pour implanter un nouveau lieu de culte à quelques mètres de l'ancestrale mosquée de Sidi-Djaffar, semble n'avoir fait que renforcer la détermination de la population locale à en finir définitivement avec les “assauts” répétitifs de cette idéologie extrémiste “qui n'a d'autre objectif que celui de pervertir l'islam tolérant de nos ancêtres” et d'agresser le village dans sa dignité. Dans une déclaration rendue publique au lendemain de ces affrontements pendant lesquels plusieurs citoyens d'Aghribs ont été blessés, le comité de village, tout en dénonçant le mutisme des autorités qui ont classé sans suite des dizaines de plaintes déposées par la population locale, dit être sûr d'une chose : “le salafisme ne se substituera jamais à l'islam tolérant des anciens”, et ce, tout en assurant tous les villages menacés, et ils sont d'ailleurs nombreux, par ce fléau du soutien indéfectible de la population de la région. Cette même population a, est-il écrit dans le document, “pris sa responsabilité pour se débarrasser définitivement de la verrue salafiste” et envisage encore “de recourir aux valeurs de dignité de la Kabylie afin de bannir ces êtres indignes de notre culture, de nos traditions et de notre honneur lors d'une assemblée générale prévue dans quelques jours”. La situation tire vers l'excommunication, voire même l'interdiction du village à ces salafistes. Agir de la sorte s'avère être une nécessité aux yeux de la population d'Aghribs qui ne voit dans ce groupuscule que “des aventuriers missionnés chargés de répandre à travers la Kabylie des pratiques culturelles importées au détriment de l'islam convivial de nos ancêtres”. “Sinon, est-il encore souligné dans le même document, pourquoi ces mercenaires émargeant à une officine étrangère s'obstinent à lancer la construction d'une soi-disant mosquée qui, en vérité, n'est rien d'autre qu'une base avancée du salafisme.” En ce sens, le comité de village d'Aghribs n'hésite pas à rappeler les procédés peu loyaux avec lesquels ce groupe a agi pour lancer son projet qualifié d'obscurantiste. “Il s'est présenté au siège de l'APC au nom du comité de village et des citoyens d'Aghribs pour demander une autorisation pour l'édification de leur repère à peine à vingt mètres de la mosquée ancestrale connue dans toute la région sous le nom de Sidi-Djaffar et dont la restauration était déjà bien avancée”, est-il rappelé non sans souligner qu'après la découverte de cette supercherie, toutes les démarches ont été entamées par le village et l'APC pour le retrait du permis de construire. Ainsi la population d'Aghribs a constitué un comité qui a usé de tous les moyens pacifiques pour stopper la provocation mais, malheureusement, déplore le comité de village, “des autorités de wilaya complaisantes et une justice aux ordres ont encouragé ces mercenaires à monter au créneau”. C'est ainsi, rappelle encore le comité de village, que la population d'Aghribs a appelé à la sagesse des archs environnants qui ont répondu par la présence de plus de cinquante délégations à un conclave de deux jours à l'issue duquel ces mercenaires ont été mis au banc de la société et la population d'Aghribs est soutenue par toutes les régions de la Kabylie représentées. Mais ceci n'a pas dissuadé, expliquent les rédacteurs du document, ces chargés de mission qui mettent à profit la recrudescence des attentats terroristes qu'ils savent dommageables sur le moral des citoyens pour instaurer un climat de peur généralisée. Et le paroxysme de l'insulte, ajoutent-ils, a été atteint le jour de l'inauguration de la mosquée Sidi-Djaffar lorsque le chef de ce groupe et ses deux “lieutenants” faisaient dans l'intimidation en filmant sans retenue les milliers de femmes et d'hommes venus visiter ce haut lieu de spiritualité tout en les menaçant d'envoyer ces vidéos “à qui de droit”. Avant de plier sous la pression et quitter le village, les habitants ont dû faire face à des flèches métalliques sciemment aiguisées ainsi que des armes à feu de ce groupe de salafistes, est-il encore noté dans la déclaration du comité de ce village devenu assurément symbole de la résistance contre l'obscurantisme.