Il existe de ces villages dans la Kabylie profonde et silencieuse qu'il est conseillé de citer comme exemple sur tous les plans : organisation, propreté, homogénéité sociale... Et sans aucun risque de se tromper, le village Zoubga, dans la commune d'Illilten, en haute Kabylie, est le village le plus organisé et le plus propre de toute la wilaya de Tizi Ouzou. Le visiteur qui met les pieds pour la première fois reste ébahi et émerveillé par l'organisation qui règne au village. Ce n'est pas par pur hasard si ce fameux village a été en 2007 classé le plus propre de la wilaya de Tizi Ouzou à l'issue du concours organisé par l'Assemblée populaire de wilaya (APW). La solidarité entre les villageois est une vertu hautement cultivée à Zoubga depuis la nuit des temps. Le village, d'une beauté féerique qui a subjugué plus d'un, compte une association à caractère social, une autre à caractère culturel et une association sportive. Toutes les trois, chacune dans son domaine, activent d'arrache-pied durant toute l'année. Diverses et pérennes activités sont organisées par ce petit village qui ne dépasse pas les 1000 habitants. Le comité de village, avec ces propres moyens et la volonté des villageois, a réalisé des projets là où même l'Etat peine à prendre pied. Une grande et magnifique mosquée a été construite, un réseau d'AEP qui permet à chaque foyer du village de bénéficier de l'eau, et ce, depuis 1986, a été mis en place. «Pour combler le manque d'eau, nous avons procédé à son captage des sources des hauts sommets du Djurdjura, à Azrou n'Thour plus exactement, sur une distance de plusieurs kilomètres», nous dira un membre du comité de village. Les ruelles du village sont revêtues de pierres taillées depuis 1992. En 1998, une somptueuse maison de jeunes de quatre étages, équipée de tout le matériel adéquat, a été réalisée, avec les propres moyens des villageois toujours. Cette infrastructure culturelle compte une bibliothèque, une salle de réunion et de conférences, une salle d'informatique, une autre pour l'accueil des invités et d'autres commodités modernes. Pour la préservation de l'environnement et la propreté, le comité de village possède un camion-poubelle de petite taille qui peu accéder à toutes les ruelles et quartiers du village. Le chauffeur et les éboueurs sont payés par les cotisations des habitants du village. Les ordures sont jetées dans une décharge publique propre au village. Chaque année, des campagnes de reboisement, de sapin notamment, sont aussi organisées. La préservation de dame nature est une religion à Zoubga. C'est toute une culture qu'on transmet de génération en génération. Dans cette contrée de la Kabylie orgueilleuse, on se frotte à la nature et se fond en elle. En ce qui concerne le sport, l'association Igli, qui veut dire horizon en berbère, compte plusieurs disciplines sportives : tennis de table, arts martiaux, jeux d'échecs, athlétisme. L'association, qui a raflé plusieurs titres et distinctions, participe à des joutes régionales et nationales même. Sur le plan culturel, l'association Tagharma, qui a été créée en 1993, compte, elle aussi, des troupes de danse folklorique, des troupes théâtrales et des chorales. Elle a obtenu en 1999, pour rappel, le premier prix du festival national de danse folklorique et d'habillement traditionnels, à Annaba, pour ne citer que cet exemple. Les affaires et les besoins des villageois sont gérés par le comité de village qui fonctionne comme une horloge suisse. Ce qui fait surtout plaisir, c'est la relève assurée par chaque génération. En un mot, le cas du village Zoubga est à méditer. Tant de villages de la wilaya de Tizi Ouzou qui sont touchés de plein fouet par des phénomènes étrangers à la région doivent, aujourd'hui, s'inspirer de ce village qui mérite d'être l'exemple type d'un village kabyle idéal et réel.