Et c'est reparti pour un autre tour ! L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas et le gouvernement Netanyahou sont tombés d'accord (ah bon ?) pour reprendre les discussions directes dès le 2 septembre prochain, à Washington. Prolongement naturel des pourparlers indirects à propos desquels nul ne semble en mesure de dire s'ils ont été menés au bout ou pas ? Cette fois-ci, le président Obama compte bien mettre la barre si haute que les négociateurs risquent d'avoir beaucoup de mal à l'atteindre. Ce que l'on sait, Palestiniens et Israéliens vont parler de questions sensibles. De choses sérieuses, paraît-il, la reconduction du moratoire sur le gel de la colonisation n'en serait pas vraiment un. Preuve que le quartette, qui fait son retour bien avant l'automne, n'a même pas jugé utile de le porter sur son communiqué, fraîchement pondu. Bref, les hôtes de la présidence américaine vont débarquer à Washington sans conditions préalables. Pourquoi en poser d'emblée quand, selon les estimations de Mme Clinton, la paix palestino-israélienne peut être conclue dans les 12 mois à venir ? Qui ne tente rien n'a rien. De toute façon, ce n'est pas la première fois que de pareilles négociations directes se soldent par un échec. A Camp David, Bill Clinton s'était bien remis à jouer du saxophone quand il s'était rendu compte que les positions de feu Arafat et d'Ehud Barak devenaient inconciliables. A présent qu'un Américain sur cinq croit que le président Obama est musulman, celui-ci aura-t-il plus de chance que son prédécesseur du parti démocrate ? Gare à commettre les mêmes erreurs que celles du passé quand les Etats-Unis ont cru pouvoir conclure la paix palestino-israélienne sans se soucier du reste des volets du conflit au Proche-Orient. En les occultant, ce qui signifie clairement la non reconnaissance du plan de paix arabe et la normalisation globale à laquelle il ne cesse d'appeler, Barak Obama ternira-t-il une énième fois le prestige de la diplomatie US ? L'invitation faite à Hosni Moubarak et au roi Abdallah de Jordanie, connus pour être des modérés, ne pourrait à elle seule imposer le succès de ces négociations directes. A moins que cette fois-ci les «éternels oubliés» se gardent de jouer aux trouble-fêtes auxquels Ariel Sharon a failli rendre visite au Liban après que les Saouds aient suggéré leur plan de paix global. En écartant la Syrie de ces prochaines négociations directes, ce qui impliquerait davantage l'isolement du Hamas palestinien et du Hezbollah libanais, l'actuelle administration US franchira-t-elle plus de paliers que ses précédentes ? Chose sûre, elle se donne le temps d'y parvenir. Douze mois pour conclure un accord de paix au lieu de ces marathoniens rounds au bout desquels Bill Clinton and Co ont successivement cru pouvoir résoudre un aussi vieux conflit. Quitte à prendre plus de risques, une paix étendue dans le temps comprendrait nécessairement plus de tentatives de torpillage de part et d'autre. Ce, bien que les Etats-Unis et leurs alliés européens ont déjà entamé un travail de fond qui consiste à éloigner les pays dits durs de la région de la cause palestinienne que l'Occident considère ni plus ni moins que «hautement manipulable» par certains régimes arabes. Ainsi, la grande démocratie occidentale s'attèlerait, le temps que tiendront ces pourparlers directs, à voir comment faire cesser toute «récupération» de cette cause noble. Par d'autres trains de sanctions ou via une nouvelle guerre préventive ? Au nom de la sécurité d'Israël et des concessions auxquelles il s'attend, tous les coups sont permis. Au pire, soit l'échec des négociations directes par la faute des ultras du gouvernement de Tel-Aviv, des élections anticipées seront organisées. Netanyahou connaît le refrain.