Malgré la disparition de quatre armes appartenant aux body gard de Benjamin Netanyahou, la rencontre entre le Premier ministre israélien et le président américain a été jugée plutôt bonne. Leurs deux épouses, Michelle Obama et Sarah Netanyahou, ont même parlé de la coupe du monde de football. A ce stade-là, tout semble être rentré dans l'ordre même si les médias ont fait un peu trop à propos des tensions qui ont dernièrement perturbé la relation entre les deux alliés. Au lieu de ce divorce, que la presse européenne avait présenté sous toutes ses coutures, c'est à une courte scène de ménage qu'on a eu droit. Comme s'il ne s'est rien passé, Washington et Tel-Aviv reviennent à leurs vieilles amours d'avant la dénonciation prudente par la Maison-Blanche de la poursuite de la colonisation. A présent que 42% de la superficie de la Cisjordanie est occupée par les colons, est-il encore sensé de parler de «paix des braves» ? La main dans la main, Barack Obama et Benjamin Netanyahou ont estimé qu'il est temps que Palestiniens et Israéliens ouvrent des discussions directes alors que le dialogue direct n'a rien apporté jusque-là. Dixit Mahmoud Abbas qui ne semble plus croire en le sérieux des Israéliens, la colonisation ne s'est jamais vraiment arrêtée malgré le moratoire de dix mois. Ce, avec ou sans le consentement de ses «frères ennemis» du Hamas. Pourtant, la sacro-sainte alliance israélo-américaine est convaincue qu'il est judicieux d'ouvrir dès maintenant des négociations de paix directes. Mais qu'est-ce qui fait que les deux alliés s'attachent particulièrement à cette idée alors que l'allégement du blocus contre Ghaza ne satisfait en vérité que le gouvernement des Etats-Unis ? Aux yeux du président Obama, les conditions sont-elles toutes réunies pour engager le prestige diplomatique de son administration, au risque de se retrouver dans la même posture que l'ancien président démocrate, Bill Clinton ? L'entière disponibilité de Washington à parrainer de futurs pourparlers directs, traduit-elle ses vœux à sauver la coalition gouvernementale israélienne d'un naufrage certain ? La droite israélienne se souvenant des implosions successives qui avaient fait sauter en éclats tout espoir de se maintenir au pouvoir en l'absence de cycles de négociations avec la partie adverse. Comme la politique a horreur du vide, Netanyahou and Co ne trouveraient pas mieux que l'acceptation par l'Autorité palestinienne de revenir à la table des négociations. A se demander si l'axe Washington-Tel-Aviv a tous les atouts en main pour s'engager à travers les sentiers battus de la paix sans se risquer de se perdre une énième fois. Pourtant, il semblerait que les deux alliés ont rassemblé le minimum de ces atouts, au plan régional, avant de se prononcer en faveur de l'ouverture prochaine de pourparlers directs. A moins bien sûr qu'Obama et Netanyahou aient jugé assez neutralisant le train de sanctions contre le régime iranien accusé, avec son allié syrien, d'interférer, voire de torpiller toutes tentatives de relancer le processus de paix palestino-israélien. D'autant que Téhéran a accepté de reprendre les pourparlers, sous conditions, autour de son programme nucléaire au moment où Obama refuse que l'on stigmatisme Israël pour son programme atomique. Quant à la Turquie, accusée de se rapprocher un peu trop du monde arabo-islamique aux dépens de l'Occident, ses relations ne seraient pas si catastrophiques avec l'Etat hébreu pour craindre une rupture des relations. Selon le chef de l'état-major de l'armée israélienne, l'armée turque, qui s'empêtrerait dans sa guerre contre les indépendantistes du PKK, a même récemment pris part à des manœuvres militaires communes avec sa jumelle israélienne. La route est-elle vraiment accessible pour atteindre la paix sous l'ère Obama ? Faudrait-il d'abord que le reste des puissances mondiales et leurs alliés régionaux acceptent à porter l'initiative américaine qui ne ferait que renforcer la suprématie de l'Oncle Sam dans la région.