Le conflit autour de la construction d'une mosquée appelé désormais «affaire d'Aghribs», un village situé à plus de 60 km à l'est de Tizi Ouzou, est loin de connaître son épilogue. Si durant les premiers temps le problème était contenu entre le comité de village et les membres de l'association religieuse du même village, d'autres se sont mis de la partie, notamment les partis politiques, et ce, après le rebondissement qu'a connu l'affaire le 10 août dernier, quand des affrontements ont éclaté entre les membres de ladite association et les membres du comité de village d'Aghribs. Ces derniers, rappelons-le, ont procédé à la démolition des fondations de la nouvelle mosquée. Après le FFS et le MSP qui ont porté leur soutien à l'association religieuse, le RCD est monté à son tour au créneau dans un communiqué rendu public le 21 août dernier pour soutenir cette fois-ci ouvertement les membres de comité du village, sachant que Aghribs est la région natale du leader du RCD, Saïd Sadi. Au village d'Aghribs, où nous nous sommes rendus hier matin, ni le comité du village ni l'association religieuse ne voulaient s'exprimer sur ce sujet. «Pour nous, l'affaire est close. Aucune autre mosquée ne sera construite dans notre village, c'est la majorité qui en a décidé ainsi», se contente de dire un membre de comité du village. «Nous avons une spacieuse mosquée équipée de toutes les commodités nécessaires. A quoi servira-t-il d'en bâtir une autre ?», nous déclare un homme âgé du village. Un autre jeune ajoute en substance : «Qu'ils fassent ce qu'ils veulent et qu'ils prient comme ils veulent, mais ils n'ont aucun droit de toucher à un bien du village. Cette parcelle est un bien collectif, et la majorité des villageois ont décidé de la garder pour construire quelque chose d'autre qui fait défaut dans notre village, comme une aire de jeux par exemple». Certains villageois ont pointé un doigt accusateur vers quelques titres de la presse arabophone. «On nous traite de mécréants et de renégats, sans mentionner que la mosquée séculaire de Sidi Djaffer a été restaurée avec nos propres moyens. Ceux qui veulent substituer une autre religion au vrai islam pratiqué par nos aïeux sont en train de semer la zizanie dans notre paisible région». Par ailleurs, toutes nos tentatives de contacter les membres de l'association religieuse sont restées vaines. Nous avons appris qu'ils ont déposé, en fait, une plainte contre certains villageois d'Aghribs qui ont détruit les fondations de la nouvelle mosquée. Des preuves, des vidéos et des photos ont été remises aux services de sécurité pour mener leur enquête. Il est à préciser que l'association est munie d'un permis de construction en bonne et due forme signé par le maire d'Agribs, élu sur la liste RCD, faut-il le signaler. Par contre, nous avons appris que cet élu est revenu sur sa décision et qu'il a entamé des procédures administratives pour annuler cette autorisation. Une source nous a ajouté que les membres de l'association ne veulent pas lâcher prise. Ils comptent aller jusqu'au bout pour construire une nouvelle mosquée au village, avec les moyens légaux. Un projet qui leur tient à cœur.