Les us et coutumes au Liban, c'est tout un monde. Ce qui frappe dès l'abord, c'est la diversité, tant sur le plan humain que géographique : diversité des communautés à l'intérieur desquelles les religions comportent de multiples subdivisions, diversité des paysages et des climats avec, au cœur des saisons, toutes les modulations des changements d'altitude, diversité des mœurs et des coutumes , tout aussi bien la montagne préservant davantage sa spécificité, diversité des influences du dehors, d'Europe, d'Asie ou d'Afrique, qui se manifestent d'une façon plus ou moins marquée dans les villes et villages du littoral et de la plaine de la Béqaa. Telle est la caractéristique principale de ce pays complexe où se parlent couramment, en dehors de l'arabe, langue commune à tous les Libanais, le français et l'anglais. Dans l'échange des idées et sur le plan culturel, le Liban a toujours joué et joue un rôle éminent tant dans le monde arabe que dans les lettres étrangères, comme en témoignent, entre cent autres, Gébrane Khalil Gébrane, un des écrivains les plus lus en anglais, et le poète et dramaturge d'expression française, Georges Schéhadé. Il y a cependant d'autres formes d'expression qui traduisent un art de vivre. Chacune des communautés libanaises a ses traditions, ses coutumes, ses usages auxquels elle reste étroitement attachée. Souvent envahis au cours des siècles, les Libanais ont certes subi l'influence des occupants successifs, ce qui a enrichi parfois leurs techniques (verre, poterie, cuivre…), mais pour ce qui est de leurs propres traditions, ils en ont sauvegardé l'essentiel. Il en est ainsi, dans les différents groupes du pays, des traditions religieuses. Presque chaque village a son patron et certains sont communs à toutes les communautés. Il arrive en effet qu'un saint chrétien soit révéré par les musulmans et une grande figure islamique par les chrétiens. Ce sont généralement des patrons protecteurs dont la fête - le hasard faisant bien les choses - tombe dans la plus belle période de l'année. Il y a un saint pour la vue, un autre pour la fécondité, un troisième pour les animaux, un autre encore pour la pêche et ainsi de suite… Les fêtes musulmanes donnent lieu à de vivantes manifestations, le tout dans un pittoresque chatoiement de lumières et de couleurs. Le Ramadhan est le mois du jeûne, un jeûne total du lever du jour au coucher du soleil ; à cet instant le muezzin annonce l'iftar, moment très attendu d'un repas restaurateur. Pendant le Ramadhan, la vie ralentit le jour alors que les nuits sont des plus animées, que les rues s'illuminent et que boutiques et marchands ambulants travaillent fort tard. Les fidèles sont réveillés avant l'aube, après un court somme, par le chant d'un tambourineur pour le souhour, dernière collation avant la reprise du jeûne. Une gastronomie indétrônable Si toute la gastronomie internationale est représentée au Liban, elle n'a pas le moins du monde détrôné la cuisine libanaise. Loin de là. Celle-ci s'inspire des produits du terroir. Elle est à base de viande de mouton, animal qui vit facilement en toutes saisons en montagne. Aussi, le suralimente-t-on du printemps à l'automne, pour en octobre faire cuire sa viande dans la graisse, puis on le sale pour le conserver dans des jarres et le consommer en hiver. Parmi les mets libanais, la kebbé, plat national, est de la viande de mouton ou de chèvre battue avec du blé concassé. Le taboulé est une délicieuse salade libanaise à base de persil et de tomates mêlés, là aussi, de blé concassé. Autres délices : les volailles grillées au charbon de bois ; le mtabbal, purée d'aubergine ; le homos, fine purée de pois chiches à l'huile de sésame ; la sayadieh, poisson accompagné de riz, cuit dans une sauce aux oignons et parsemé de pignons de pin ; le lahm bi agine, sorte de pizzas garnies de viande. Les douceurs sirupeuses de la pâtisserie libanaise sont, elles, en majorité à base de lait et de miel, agrémentées d'amandes, de pistaches et de noix et parfumées des divers fruits du pays. Certaines pâtisseries sont tributaires de spécialités régionales, comme bien des plats libanais qui ont adapté des recettes des pays avoisinants. Il y a deux sortes de pain : celui qui est fait à la montagne, le marqouq, et le pain de ville. Le marqouq est confectionné de façon spéciale, généralement par les femmes. Elles affinent la pâte en la passant avec beaucoup de dextérité d'une main à l'autre, puis elles la posent sur un coussin avant de la chauffer au feu de bois sur un plateau incurvé. Le pain de ville, lui, est cuit au four où il gonfle. Il est presque aussi savoureux que son rival des hauteurs.