D'après Abû Huraïra, le Prophète a dit : «Allah dit : "Le fils d'Adam aura pour ses bonnes œuvres une récompense qui en vaut dix et pouvant aller jusqu'à sept cents fois plus, à part le jeûne qui est à Moi, et dont la récompense M'appartient. Le jeûneur a délaissé pour Moi plaisir, nourriture et boisson." Le jeûneur a deux joies : la joie de rompre son jeûne et la joie de rencontrer Son Seigneur. L'haleine d'un jeûneur est meilleure auprès d'Allah que l'odeur du musc.» Allah a fait exception du jeûne concernant les actions dont la récompense est multipliée : chaque œuvre est multipliée par dix et peut augmenter sept cents fois plus, à l'exception du jeûne dont l'ampleur de la récompense n'est pas contenue dans ce nombre. Allah n'a toutefois fixé aucune limite à l'énorme récompense qu'Il a réservée à cette adoration ; le jeûne est une forme d'endurance. Or Allah dit : «Allah rétribue les patients sans compter.» C'est pourquoi, selon un hadith, le Prophète (QSSSL) a qualifié le jeûne de patience. Dans un autre propos, il a dit : «Le jeûne, c'est la moitié de la patience. Il faut savoir que la patience se vérifie à trois niveaux : il faut endurer en effet les obligations du Seigneur, endurer face à Ses interdictions et endurer face au destin. La patience, à ses trois niveaux, est contenue dans le jeûne (siyâm). Celui-ci requiert de supporter à la fois les obligations d'Allah, Ses interdictions qui s'incarnent dans les envies du jeûneur, la douleur de la faim et de la soif, et la faiblesse du corps et de l'esprit. Cette douleur est le fruit des œuvres pieuses à l'origine de la récompense du jeûneur. Sache que certains moyens permettent de multiplier la récompense des œuvres. Ceux-ci sont parfois liés aux différents lieux où sont consacrées certaines œuvres à l'exemple des Lieux Saints. Ainsi, les prières sont multipliées dans les deux Mosquées de La Mecque et de Médine comme le Prophète (QSSSL) l'indique : «Une prière dans ma Mosquée vaut mieux que mille prières dans toute autre mosquée à l'exception de la Mosquée Sacrée.» D'autres fois, ils sont liés à certaines périodes comme le mois de ramadhan et les dix premiers jours de dhoul hidja comme le Prophète (QSSSL) le souligne : «Quiconque y consacre une action parmi les bonnes actions, il est comme celui qui s'adonne à une obligation les autres mois. Quiconque s'adonne à une obligation durant ses jours, il est comme celui qui s'adonne à soixante-dix obligations les autres mois.» Si l'on sait que le siyâm en lui-même vaut plus au niveau de la récompense que les autres bonnes actions, il faut savoir que le mois de ramadhan vaut bien plus à ce niveau que les autres jours de jeûne grâce aux vertus liées à sa période. D'autant plus que le jeûne de manière générale constitue l'un des piliers de l'Islam qu'Allah a prescrits à Ses serviteurs et sur lesquels cette religion est fondée. Allah a affilié le jeûne à Lui-même indépendamment des autres adorations en ces termes : «à part le jeûne qui est à Moi». Les légistes et d'autres savants ont fait de nombreux commentaires sur le sens de ces paroles et ont avancé un certain nombre d'hypothèses pour les expliquer. Deux d'entre elles méritent toutefois une meilleure attention : Premièrement : le jeûne consiste à sacrifier les envies de l'âme et les passions originelles qui sont les penchants qu'Allah a insufflés à l'homme. Aucune autre adoration n'est en mesure de remplir cette fonction. Il incombe durant l'état de sacralisation, il est vrai, de renoncer aux rapports sexuels et à ses prémices telles que les parfums, mais il n'est pas interdit pour autant de jouir des autres besoins naturels tels que boire et manger. Cela est aussi vrai pour l'i'tikâf (retraite spirituelle) bien qu'il soit malgré tout lié au siyâm. Au moment de la prière notamment, le fidèle doit délaisser toutes ses envies naturelles, cependant cette période est tellement courte qu'elle ne peut engendrer la faim et la soif. Celui dont l'esprit est absorbé par un plat quelconque doit même satisfaire son envie avant d'entamer sa prière. C'est pourquoi il faut manger avant de prier. En revanche, comme le jeûne s'étend sur toute la journée il va forcément provoquer la faim. Dès lors, le jeûneur ressent le besoin impérieux de manger, surtout en été où les journées sont longues et torrides. C'est pourquoi, comme le rapportent certaines annales, le jeûne en été fait partie intégrante de la foi. Le Messager d'Allah (QSSSL) faisait le jeûne du ramadhan au cours de ses voyages sous la chaleur torride de l'été, indépendamment de ses Compagnons, comme le confirme Abû Dardâ. Arrivé à El 'Arj en effet, il avait tellement chaud et soif qu'il se versait de l'eau sur la tête, car il jeûnait. Se priver pour Allah d'une chose qui est disponible, alors que personne n'est au courant en dehors du Seigneur, c'est la preuve formelle de la véracité de la foi. Le jeûneur a conscience d'avoir un Seigneur qui l'observe dans ses moments les plus intimes. Lorsque le croyant en état de jeûne prend conscience que la satisfaction de Son Maître se confine dans la privation de ses plaisirs, il privilégie alors la satisfaction de Son Maître à ses propres plaisirs. Il trouve ainsi un plaisir à sacrifier ses plaisirs pour Lui plaire, car il est fermement convaincu qu'Il l'observe à tout moment. Il sait pertinemment que Sa récompense et Son châtiment sont bien plus élevés que la simple jouissance de manger à l'insu des autres ; il sacrifie ainsi les passions de son âme pour plaire à Son Seigneur. Il serait plus pénible au croyant de trahir son engagement en cachette que de se voir cribler de coups. Tel est le signe révélateur de la foi. Autrement dit, le croyant déteste succomber aux jouissances qu'il affectionne. Ainsi, son plaisir dépend de l'agrément de Son Maître, même aux dépens de ses passions. En parallèle, une certaine douleur l'éloigne des actes que Son Maître déteste quand bien même ses passions les lui commanderaient comme il est dit : Son châtiment pour toi est velouté Sa distance pour toi est proximité Toi, tu es comme mon âme Tu es même bien plus aimé Il me suffit pour mon amour