De nombreux facteurs ou critères de base peuvent contribuer à expliquer une réalité sociale difficile qui se manifeste par un chômage galopant, un manque de perspectives, une décomposition du tissu social, les inégalités, l'inexistence de politique de développement économique durable génératrice de richesse et d'emplois, de dégradation du pouvoir d'achat et de bien d'autres phénomènes encore. Ces facteurs réunis font qu'une bonne partie de la population de la wilaya de Tizi Ouzou, à l'instar de plusieurs autres wilayas du pays, vit dans la précarité, pour ne pas dire sous le seuil de pauvreté. La cause essentielle est le chômage qui foudroie des franges entières de la société. Si l'on s'en tient seulement à la notion donnée par les spécialistes à la précarité, qui est reconnue sur la base du nombre de familles démunies, de la présence d'habitations précaires, de l'absence de commodités, comme le réseau d'alimentation en eau potable ou la faiblesse du taux de raccordement, l'assainissement et l'électricité, l'enclavement de la zone et l'inexistence des infrastructures publiques de base, à l'exemple des unités de soins et des écoles, il est aisé de déclarer une bonne partie de la wilaya de Tizi Ouzou comme étant sous-développée car une importante partie de la population vit dans des conditions extrêmes. Sur les 67 communes que compte la wilaya, 52 poches de pauvreté ont été identifiées dans 24 communes. Au total, 22 053 familles, sur les 197 431 ménages que compte la wilaya, sur une population globale d'environ 1,2 habitants, sont classées démunies, pour ne pas dire pauvres, selon la carte sociale établie par les services de direction de l'action sociale de la wilaya (DAS). Ce chiffre représente 11% des ménages. Les exemples les plus édifiants se trouvent dans la commune d'Akkerou, où deux villages, Kissoum et Bouslimane, sont classés par la DAS comme les plus déshérités avec 100% de familles pauvres. C'est le même cas pour le village Ihnouchène, dans la commune d'Azeffoun. Sur la centaine de familles qui y vivent, au moins 80 sont plus que nécessiteuses. Les exemples ne manquent pas. A Aghribs, dans les hameaux Izriouene, Houblil et Boubeker, on avance un taux allant de 45 à 70% de pauvreté extrême. De l'est à l'ouest, du nord au sud, les cas sont légion. Au sud de la wilaya, on peut citer le village Tizi Mellal, à Aït Toudert, ou encore Tiroual, à Aït Boumehdi, Thala Mokrane et Ouled Azzi, à Tizi Ghennif, qui souffrent le martyre avec un total de 110 familles déshéritées. Non loin de là, d'autres poches sont répertoriées à Tamediqt, dans la commune de M'kira, ainsi qu'à Ath Slimane et Rabet, dans la commune d'Ath Yahia Moussa. Rien que pour le village de Tamdiqt, 99% des familles (environ 150) nécessitent une prise en charge urgente sur divers plans. Ceci sans parler des autres catégories sociales que l'on retrouve à travers tous les villages et villes de la wilaya. Il s'agit notamment des handicapés, des démunis qui ne bénéficient d'aucune couverture sociale, des familles sans revenus, des SDF, des malades chroniques, des personnes âgées et des femmes veuves ou divorcées sans revenus et sans domicile fixe. Tizi Ouzou compte 24 922 handicapés, dont 8383 handicapés moteurs, 2202 visuels, 1410 sourds-muets et 268 polyhandicapés. Sur ce total, 7700 bénéficient d'une pension à 100% et 7082 sont inscrits au régime AFS et bénéficient d'une pension de 3000 DA/mois. Ces chiffres ne prennent pas en considération les personnes non répertoriées qui sont aussi nombreuses. A la lumière de ces statistiques, il ressort que la pauvreté, la précarité et la misère sociale gagnent du terrain dans cette partie du pays.