«Le projet de criminalisation du colonialisme n'est toujours pas mort. Il doit réapparaître et être soumis au débat au sein de l'Assemblée populaire nationale.» C'est en ces termes que s'est exprimé hier Kheireddine Boukhrissa, secrétaire général de la fondation 8 Mai 45. Notre interlocuteur ne compte pas, en effet, lâcher prise et semble déterminé à relancer l'initiative du projet criminalisant le colonialisme, mis en veille par le gouvernement depuis plusieurs mois. Le SG de la fondation prépare une lettre à l'adresse des députés de l'Assemblée nationale qu'il compte rendre publique aujourd'hui, dans laquelle il appelle à relancer le projet. «Je vais m'adresser aux parlementaires afin de reprendre le projet et le présenter au bureau de l'APN en prévision de sa programmation durant cette session automnale», a-t-il indiqué. Le secrétaire général de la fondation 8 Mai 45 estime que la balle est dans le camp des parlementaires. «La Constitution et la loi organique de l'Assemblée sont claires dans ce contexte. Si une proposition de projet de loi émanant des députés n'aboutit pas au niveau de l'Exécutif et qu'aucune réponse n'est fournie au bout de deux mois, les députés peuvent relancer le projet et le présenter pour adoption», a-t-il précisé. «C'est tout ça qui nous conforte dans notre démarche et prouve que nous sommes dans l'obligation de rappeler la responsabilité des représentants du peuple dans leur devoir envers les martyrs de la révolution», a-t-il ajouté. «Il temps qu'ils prennent la question en charge et de prouver qu'ils sont crédibles et capables d'assumer leur responsabilité vis-à-vis du peuple et qu'ils sont dignes de la confiance qui a été placée en eux», a-t-il estimé, en soulignant que «ce projet est prioritaire et passe devant tout autre projet de loi». Kheireddine Boukhrissa s'étonne de l'ordre du jour de la session parlementaire, qui s'est ouverte il y a une dizaine de jours. «Je n'ai pas pu cacher mon étonnement et ma déception de constater que ce projet est carrément inexistant. Aucun député n'a eu l'audace et le courage d'intégrer cette proposition ou de l'évoquer, alors que c'est ce même Parlement qui en a fait la proposition», a-t-il affirmé. Pour lui, la société civile a montré à mainte reprises son attachement et son adhésion à cette démarche de criminalisation de l'armée française qui a commis des crimes contre l'humanité. «L'expérience a été vécue ailleurs avec un grand succès. On voit que toutes les anciennes colonies ont réussi à arracher leurs droits de repentance et d'excuses, à l'exemple de la Libye et du Rwanda, sauf pour le cas de l'Algérie où on regrette la faiblesse des dirigeants de ce pays qui n'accordent aucune importance à ce genre de revendications», confie-t-il, offusqué. «Mon message sera transmis aujourd'hui aux députés, qu'ils soient indépendants ou partisans, pour insister encore plus sur la question», soutient-il. Aucun parti politique ne veut réagir Le secrétaire général de la fondation 8 Mai 45 regrette l'attitude et le silence des partis politiques algériens qui se sont abstenus de donner une réponse claire à son initiative visant à lancer un débat sur cette question durant le mois de Ramadhan. «Aucun parti algérien n'a répondu à l'appel de notre fondation», regrette-t-il.