La longue attente des pèlerins algériens dans les aéroports de Djeddah et de Médine et dans les salles de réception des hôtels des deux villes a fait deux morts depuis hier. Les deux victimes ont péri après avoir passé plusieurs jours à attendre un avion d'Air Algérie pour les ramener au pays après avoir accompli la omra. Livrés à eux-mêmes, les pèlerins ont dû ajouter plusieurs jours supplémentaires du séjour qu'ils ont prévu avant leur départ vers La Mecque. N'ayant plus de quoi payer leur chambre d'hôtel, les médicaments et tout le nécessaire pour le restant de ce séjour indéfini, des milliers d'autres pèlerins se trouvent encore dans la même situation. Ils sont bloqués dans les deux aéroports dans des conditions déplorables. «Les deux morts attendent depuis quatre jours d'être rapatriés vers l'Algérie. Cela n'a pas été possible en raison des retards accusés par la compagnie. Il y a encore plus de 1500 personnes bloquées sur place qui attendent de rentrer», nous affirme des sources. L'intervention de l'émir de Médine pour évacuer les passagers d'Air Algérie des aéroports en raison de l'anarchie et de l'encombrement qu'ils occasionnent dans les salles d'attente n'a pas réglé pour autant le problème. Pour preuve, tout un équipage d'Air Algérie avec des passagers se trouvent bloqués à Djeddah depuis trois jours. Le vol n'a pas été effectué en raison d'un manque de personnel à bord. «Les tentatives faites par l'ancien directeur des opérations auprès du nouveau responsable pour envoyer un avion avec un rajout dans les membres de l'équipage pour pouvoir assurer ce voyage sont restées vaines. On lui demande de travailler avec le personnel déjà sur place, ce qui n'est pas conforme à la réglementation». Outrage à la réglementation Outre les problèmes d'organisation des vols et le respect des horaires de vols et d'atterrissage des avions qui ont fait l'objet de plusieurs critiques depuis quelques mois, le pavillon national est passé à une autre étape en autorisant d'effectuer des vols non conformes à la norme internationale. Mardi dernier, un avion d'Air Algérie a décollé de Médine avec à son bord 260 passagers. Le service à bord de cet airbus a été assuré par 4 stewards seulement. «Ce qui est contraire à la réglementation et aux normes de navigation civile. Le nombre de personnel navigant commercial (PNC) qui doit être à bord d'un avion de cette envergure ne doit pas être en dessous de sept personnes, ce qui signifie qu'on ne peut, en aucun cas, décoller avec moins que ça. Mais ce vol a été effectué malgré que la norme n'ait pas été atteinte. Ces normes sont fixées pour la gestion des tâches quotidiennes mais surtout pour les moments de crise. En cas d'incendie ou de problème technique, le personnel à bord est tenu d'évacuer l'avion de tous ses passagers en 90 secondes, d'où l'importance d'avoir suffisamment de personnes. Ce qui s'est passé vendredi est un manquement grave qui porte atteinte à la sécurité des passagers et aussi à l'image de l'entreprise. Vous imaginez si l'avion avait été contraint d'atterrir quelque part et qu'un contrôle ait été effectué à bord, cela aurait été la véritable catastrophe», affirment encore nos sources. Un climat de tension règne depuis plusieurs mois au sein de la compagnie nationale, ajoute notre source. «Nous avons eu des problèmes par le passé et traversé des périodes difficiles, mais nous n'étions jamais arrivés à la dégradation que nous sommes en train de vivre», estiment ces membres du personnel. Nos multiples tentatives de joindre la compagnie pour avoir des explications sur ces problèmes sont restées vaines. La ligne de la cellule de communication est remplacée par un répondeur automatique.