Avant de parler de la pauvreté en Algérie, il convient d'évoquer la pauvreté dans l'absolu. Cette dernière incarne une palette de définitions qu'il ne faudrait pas omettre de citer lorsqu'il s'agit d'une étude sociologique du phénomène. C'est ce que nous explique M. Hamouda, statisticien au Centre de recherche en économie appliquée et développement (Cread) de Bouzaréah. Après avoir étudier ce phénomène social, celui-ci est arrivé à la conclusion qu'en Algérie, ce fléau existe bel et bien dans notre pays. Reste à savoir s'il s'agit de cette pauvreté «extrême», qui touche des pays comme la Somalie ou l'Ethiopie où l'on meure de faim (pauvreté nutritionnelle), ou s'il s'agit d'une pauvreté «relative», qui se définit en rapport avec la perception. Avant de répondre à cette question, notre expert nous dresse un tableau des différents standards de la pauvreté. La pauvreté absolue est la situation des personnes qui ne disposent pas de la quantité minimale de biens et services permettant une vie normale. Quant à la pauvreté relative, celles-ci s'établit par comparaison avec le niveau de vie moyen du pays dans lequel on se trouve. Le statisticien nous répond, par la suite, que notre pays n'utilise pas les standards universels de la pauvreté cités plus haut, sur lesquels devraient se baser une étude sociologique. D'où l'impossibilité d'arriver à une conclusion qui donne une estimation précise de la pauvreté en Algérie. «La seule estimation que l'on pourrait avoir est basée sur les consommations et les dépenses ou sur le niveau de vie perçu à l'œil nu. Il n'y a qu'à voir ces personnes qui fouillent dans les poubelles…», développe notre interlocuteur. Ce qui ne permet pas de délimiter une estimation rigoureuse, selon lui. S'ajoute à cela, le fait que les seules études existantes ne sont pas régulières et les recherches approfondies absentes. Il cite l'exemple du couffin du ramadhan, ce principe qui ne se base aucunement sur une enquête qui différencie les vrais nécessiteux des intrus. «Un principe qui, malheureusement, disparaît dès la fin du mois sacré et un phénomène dont la source n'est autre que le manque d'enquêtes et de recherches.» Bien qu'elle soit «relative», la pauvreté existe De l'avis de ce statisticien, les enquêtes entreprises dans notre société se basent sur les seules couches sociales englobant les ménages ordinaires et mettent en marge les populations vulnérables représentées par les nomades et les sans-domicile fixe (SDF), qui sont certes minoritaires mais visibles. «Qui sont ces gens ? Comment sont-ils devenus SDF ? Quelle est leur trajectoire ? Est-ce que leur situation est conjoncturelle ou sont-ils noyés dans le noyau dur de la pauvreté, donc condamnés à sombrer dans celle-ci ? Tant de questions devraient être posées, à l'approche d'une étude sociologique du phénomène.» Il n'en demeure pas moins que notre société est touchée, particulièrement, par la pauvreté relative. «Car, visiblement, il n y a pas de pauvreté extrême, du moment que l'on ne voit pas des gens mourir de faim.» Les mendiants et les SDF ne vivent pas de sources salariales fixes, mais d'autres dont celle de la mendicité qui leur permet de survivre.