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Le pain nu...
La mie des pauvres
Publié dans Liberté le 20 - 03 - 2006

La surconsommation de pain trouverait-elle son explication dans une présumée paupérisation qui aurait laminé les couches sociales précaires ? Il est vrai qu'une certaine vision misérabiliste des choses voit dans le pain un signifiant quasi-métonymique de la pauvreté. On se rappelle volontiers à ce propos l'expression “révolte du pain” qui qualifiait les soulèvements populaires en Tunisie dans les années 1980. “La vie est chère. Les "zaoualia" ne peuvent plus manger décemment. Alors, quand on ne peut même plus se permettre certains légumes, on force sur le pain pour remplir sa panse” dit Mustapha, 44 ans, vendeur de boîtes de chique à la Basse-Casbah. “Il y a des gens qui n'ont pas de quoi vivre. Des vieux, des femmes, des enfants. Ils passent leur temps à ramasser des boîtes de chique que je leur prends à 2 DA l'unité. S'ils gagnent 200 DA par jour, ils sont champions”, témoigne-t-il encore.
On ne peut ne pas penser, en l'occurrence, à un roman culte, un roman poignant et violent signé Mohamed Choukri, le William Burroughs marocain.
Le titre du roman est éloquent Al khobz al hafi, (le pain nu), paru pour la première fois aux Etats-Unis en 1973 (et qui fut interdit au Maroc jusqu'en 2000), dépeint avec férocité la misère sociale dans le Rif. Extrait : “J'avais déjà vu des gens pleurer. C'était dans le temps de la famine dans le Rif. La sécheresse et la guerre. Un soir j'eus tellement faim que ne je savais arrêter mes larmes. Je suçais mes doigts. Je vomissais de la salive. Ma mère me disait : - Tais-toi, nous émigrerons à Tanger. Là-bas le pain est en abondance. Tu verras, tu ne pleureras plus pour avoir du pain. À Tanger les gens mangent à leur faim.”
Pour ce professeur de sociologie urbaine, il n'existe pas forcément de lien causal entre la misère sociale et la consommation boulimique du pain. “C'est la même chose avec le phénomène de la mendicité qui est parfois trompeur. Il n'y a qu'à voir les réseaux de la mendicité organisée”, fait-il observer. “Il faut une étude plus fine pour mesurer l'impact de la pauvreté. La paupérisation a surtout frappé la société algérienne suite à l'application du Programme d'ajustement structurel. Mais je pense que la pauvreté a globalement baissé contrairement à ce qu'on croit.
Cela dit, la pauvreté en milieu rural est la plus forte. Il faut dire aussi qu'il y a de nouvelles formes de pauvreté en milieu urbain. Il y a de nouveaux pauvres, des catégories de gens qui sont "tombés" dans la pauvreté, des gens dont le revenu a stagné comme les retraités. Mais l'on doit tenir compte aussi du rôle des mécanismes de solidarité, notamment la famille, qui ont permis d'atténuer quelque peu les effets néfastes des politiques macro-économiques.” Analysant la structure des dépenses affectées aux aliments de base – dont le pain et les produits céréaliers – il rappellera la loi Engel, du nom de son auteur, Ernst Engel, statisticien allemand qui l'a établie en 1857. “D'abord, la question du pain renvoie au premier chef au budget consacré aux dépenses alimentaires. D'après la loi Engel, plus le revenu est faible, plus la part des dépenses alimentaires dans le budget des ménages est élevée. Pour un riche, ça sera de 20% mais pour un pauvre, ça sera 80% de son revenu. Il faut noter qu'il existe des dépenses incompressibles et le pain en fait partie.” Selon une étude réalisée par le Centre national d'études et d'analyses pour la planification (Ceneap) en 1998 et portant sur les effets du Programme d'ajustement structurel (PAS) sur les ménages en Algérie, il ressort une diminution de la consommation des viandes contre une augmentation des pâtes et céréales : “Si les fréquences (de consommation) ont diminué pour la très grande majorité des produits, elles ont par contre augmenté pour les pâtes, le riz et les légumes secs. Ce sont les viandes et les œufs qui ont subi les diminutions de fréquences les plus importantes, suivies des laitages, puis des fruits et légumes”, indique cette étude.
Et de conclure : “Globalement, sous la pression conjuguée des augmentations de prix et du ralentissement de l'augmentation des revenus des ménages, les consommations alimentaires ont subi une importante détérioration (…)
Plus de 50% des ménages ont diminué leurs achats de protéines animales, de sucres, de corps gras, de fruits et légumes. Cette distribution établit donc clairement l'évolution vers la substitution de produits à base de céréales, de féculents et de légumes secs à des produits plus riches (protéines animales, sucres et corps gras, fruits et légumes)”.
M. B.


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