«Les greffes de la cornée devraient reprendre en Algérie incessamment, après un arrêt de six mois. Un arrêt qui prend sa source dans le blocage imposé par la loi de finances complémentaire 2009», selon la déclaration du Pr Hartani, chef de service ophtalmologie au CHU Mustapha Pacha, rencontrée hier en marge de la 2e Journée nationale de la Société algérienne du glaucome organisée à l'hôtel El Riadh (Alger). Elle affirme que le projet de création de la banque de la cornée n'a toujours pas vu le jour, butant sur les mêmes obstacles. Elle rappelle que l'Algérie qui importe 600 à 800 cornées annuellement n'arrive toujours pas à satisfaire la demande nationale, qui compte plus de 1000 personnes en liste d'attente. Un groupe de spécialistes en ophtalmologie, dont le professeur Hartani fait partie, continuent à œuvrer afin de réaliser ce projet qui tarde à venir et qui peut être un moyen très efficace pour relever les défis dans le cas d'éventuelles urgences. Le professeur ajoute que tout un travail d'information et de sensibilisation en direction de la population reste à faire, afin de trouver des donneurs éventuels ou encore arriver à convaincre les familles des victimes, notamment des accidents de la route d'être consentantes pour greffer la cornée de leur proche. Pour finir, elle estime que même la création d'une banque de cornées algérienne ne peut faire face à la forte demande enregistrée annuellement en Algérie. Il y a lieu de noter que 1420 greffes de cornée ont été réalisées dans les principaux établissements nationaux de santé durant la période 2007-2009. L'Algérie s'inscrit dans la lutte contre les maladies de la cécité «L'Algérie va célébrer pour la première fois, le 14 octobre, la Journée mondiale de la vue.» C'est ce qu'a annoncé hier le Pr Mesbah, directeur de la prévention au niveau du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, lors de la même rencontre. La journée fêtée à l'échelle internationale est une initiative prise par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour sensibiliser l'ensemble du monde aux problèmes de la cécité, des déficiences visuelles et de la réadaptation des mal-voyants. Pour cette année, l'accent est mis sur la santé oculaire et l'égalité d'accès aux soins. Elle est aussi la principale action de plaidoyer en faveur de la prévention de la cécité. Une action à laquelle l'Algérie s'est donc souscrite, «afin d'éliminer la cécité évitable, c'est-à-dire agir sur le glaucome, la cataracte, la rétinopathie, à la faveur de la mise en œuvre d'un plan d'action», a expliqué le Pr Mesbah. Le plan d'action sera connu le 14 octobre, comme il sera question de rendre publics les résultats d'une enquête nationale, réalisée en 1998 et sur laquelle les décisions en matière de prévention seront basées, afin de lutter contre les maladies oculaires cécitantes, et ce, en supprimant les causes principales de cécité évitable d'ici l'année 2020. Mme Zahida Merad, professeur en ophtalmologie à l'hôpital de Bab El Oued a, pour sa part, énuméré les facteurs de risques analysés à partir d'une enquête réalisée en mars 2006 par les ophtalmologues du centre hospitalo-universitaire de Bab El Oued (ex-Maillot), dans la région d'El Oued et ses environs. Elle affirme que le résultat est alarmant : «Sur 930 personnes, nous avons trouvé 87 cas de glaucome ; c'est-à-dire le double du taux enregistré à l'échelle nationale et qui est de 4,6%», affirme-t-elle. Les raisons sont liées, selon elle, à l'enclavement de cette région et à l'absence d'une campagne de sensibilisation. Le deuxième point alarmant enregistré est que 55% des personnes diagnostiquées se sont révélées glaucomateuses au cours de l'enquête, alors qu'elles l'ignoraient. Les facteurs de risque sont donc l'hypertonie oculaire ; c'est-à-dire la tension élevée de l'œil, les facteurs familiaux, ainsi que l'hypertension artérielle quand elle est conjuguée avec le facteur de l'âge. Tout en rappelant que les déficiences visuelles sont plus fréquentes chez les hommes et les femmes à partir de 50 ans, Mme Merad appelle à un dépistage périodique, à partir de l'âge de 40 ans. En somme, «mieux vaut prévenir que guérir».