Du fond de sa cellule, le dissident chinois Liu Xiaobo recevra-t-il le prix Nobel de la paix, succédant à Barack Obama qui n'a rien fait pour le mériter l'année dernière si ce n'est d'avoir été le premier président noir des Etats-Unis ? Domicilié en Norvège, le comité Nobel pourrait regarder ailleurs qu'en direction du pénitencier chinois où croupit Liu Xiaobo. A en croire le directeur de l'institut Nobel, un haut dirigeant chinois l'a prévenu d'un éventuel empoisonnement des relations entre Pékin et Oslo si le prix venait à être décerné au dissident en question. Démentant le fait d'avoir mis la pression sur le prestigieux comité Nobel, le ministère des affaires étrangères chinois a toutefois dit être d'avis que Liu Xiaobo serait un piètre récipiendaire. L'empire du milieu aurait certainement préféré qu'un de ses brillants ressortissants obtienne le prix Nobel de l'économie, ne serait-ce que pour qu'il soit fait honneur à sa seconde économie mondiale, devant le Japon, avec lequel rien ne va plus depuis l'affaire du chalutier. Si la Chine devait être concernée par cette distinction, l'actuel Premier ministre, Wen Jiabao, raflera-t-il la mise ? Après tout, Barack Obama n'a obtenu son prix Nobel que grâce à de vagues promesses de paix, l'Amérique est toujours engagée en Afghanistan, stationnée en Irak et peine à faire avancer les pourparlers palestino-israéliens qui se perdent sur la route de l'échec. Avec 100 milliards d'échanges commerciaux avec l'Afrique pour la seule année 2010, ce qui va faire pleins de jaloux, la Chine populaire mériterait le un million de dollars du comité Nobel qu'elle ne verserait sûrement pas sur le compte bancaire du dissident Liu Xiaobo. Celui-ci rappelant que la question des droits de l'homme ferait toujours défaut du côté de l'empire du milieu. Mais quand le gouvernement de Pékin vole au secours de la Grèce, bien des écarts seraient pardonnés. Et c'est justement le chef du gouvernement chinois, en voyage d'une semaine sur le vieux continent, qui vient en personne soulager Athènes, sa crise financière n'étant toujours pas résorbée. La Grèce va bénéficier d'un plan de soutien massif de la part de sa nouvelle amie, la Chine populaire. En bonne sainte-prêteuse, celle-ci compte bien aider le gouvernement de Papandréou à sortir la tête de l'eau. Dès que la Grèce se remettra à fréquenter les marchés financiers, Wen Jiabao a promis que son pays achèterait des obligations grecques à long terme. C'est dans de pareilles périodes difficiles que l'on sait qui sont ses amis, a déclaré George Papandréou. Sa façon à lui de remercier les Chinois et de convoquer l'histoire récente, n'oubliant rien des réticences de ses pairs de l'Union européenne. Ce, avant que les Grecs n'aillent frapper brièvement à la porte de l'Amérique d'Obama et finir, par la suite, dans les bras de Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI. La Grèce peut compter sur le dernier dieu de l'olympe pour se frayer un chemin dans le noir jusqu'à la prochaine sortie du tunnel que la Chine emprunterait, en sens inverse, pour mettre un pied en Europe. Ce qui provoquerait le courroux des Vingt-sept de l'UE. Bien au contraire. La première grève générale de l'ère Zapatero en Espagne et le discours peu apaisant de David Cameron devant les Tories en Grande-Bretagne ne sont pas passés inaperçus. En terre européenne ouverte à tous les plans d'austérité, les dirigeants de l'Union ne peuvent que s'aligner pour souhaiter la bienvenue à la Chine. Excepté l'Allemagne, qui s'en sort plutôt bien en bonne souverainiste, les grands comme les petits de l'Europe ont tous, plus au moins, besoin d'un bol… de riz. Restera-t-il que la chancelière allemande, Angela Merkel, pour demander demain, sans rougir, des explications au gouvernement de Pékin sur l'embarrassante question des droits de l'homme et des libertés en Chine ? Attendons de voir à qui sera décerné le prochain prix Nobel de la paix… économique.