Le sit-in commémoratif que devaient tenir hier des citoyens à l'appel du RAJ (rassemblement action jeunesse) a été violemment réprimé par la police, «décidée cette année», selon Hakim Addad du RAJ, «à ne rien laisser passer». Dès l'arrivée des animateurs et des premiers citoyens qui commençaient à converger vers la place des martyrs, l'important dispositif sécuritaire mis en place a tenté dans un premier temps de les stopper net, eux qui sont pourtant venus déposer une gerbe de fleurs à la mémoire des victimes d'octobre 1988, avant de les bousculer carrément. L'on apprendra de la bouche du même animateur qu'un militant du RAJ ainsi que deux citoyens ont été interpellés dans la mêlée qui s'en est suivie et ont été transférés au commissariat avant d'être relâchés quelques heures après «suite aux négociations entamées avec la police», précise Addad. Loin de s'avouer vaincus, les citoyens, parmi lesquels figurent deux députés de l'APN, Ali Brahimi, dissident du RCD ainsi qu'un autre du mouvement El Islah, Ghouini Filali en l'occurrence, en plus des membres du groupe Bezzef et deux victimes de la répression d'octobre 88, notamment Hamou Hadj Azouaou, de l'association des victimes d'octobre (AVO) mais aussi des membres de SOS familles de disparus venus leur prêter main-forte, ont continué pendant quelques minutes à scander des slogans hostiles au pouvoir, tels «à bas la répression», «non à l'état d'urgence». Pendant que certains manifestants se «bagarraient» avec la police qui leur arrachait les pancartes qu'ils brandissaient pour les déchirer, d'autres ont essayé de déposer «quand même» la gerbe de fleurs. Un communiqué a été lu à l'occasion. La police revient à la charge et réussit à disperser les citoyens sous le regard médusé de quelques passants dont certains se sont joints au mouvement. Les initiateurs du rassemblement promettent pour leur part de continuer le combat et de revenir à la charge. «On a occupé la place, déposé la gerbe de fleurs et procédé à la lecture du communiqué malgré l'impressionnant dispositif policier. C'est déjà ça», affirme M. Addad dans une déclaration au Temps d'Algérie. Dans un communiqué sanctionnant le rassemblement, le RAJ qui «salue le courage des citoyens (es) présents (es) et fait le serment qu'octobre 88 ne tombera jamais aux oubliettes», dénonce «la féroce répression qui s'est abattue sur les manifestants». «Nul n'a été épargné, pas même les deux victimes de la répression d'octobre 88», précise le même communiqué.