Les sablières implantées sur le territoire de la wilaya de Béjaïa ont cessé depuis quelques semaines déjà leur activité. «Cet arrêt est provisoire», nous dit une source de la direction de l'hydraulique de Béjaïa. Comme nous l'avons constaté sur les berges de l'oued Sahel, où sont implantées environ 6 sablières, il n'y a aucune activité et les portails sont demeurés fermés depuis quelques semaines déjà. Il n'y avait plus également ces cortèges de camions qui faisaient le pied de grue devant ces sablières afin de se faire délivrer du sable, du gravier ou du tout-venant. Selon notre source, cette cessation d'activité est provisoire, le temps que «ces sablières régularisent leur situation en renouvelant leurs autorisations d'exploitation». Cette suspension est dictée aussi par la surexploitation des alluvions et la défiguration des différents oueds exploités par ces opérateurs. Ainsi, des cratères géants et des tranchées sont constatés sur les lits des rivières surexploitées. La sécheresse qui touche le pays ces derniers mois a induit l'assèchement des rivières qui ne charrient plus d'alluvions afin de se régénérer et effacer un tant soit peu les traces d'une extraction féroce par les engins. Les conséquences sur l'écosystème sont énormes du moment que les éléments constituant les alluvions, le sable notamment, constituent un excellent bouclier contre l'infiltration par les eaux usées des nappes phréatiques se trouvant dans la région, lesquelles sont aussi surexploitées par ces sablières, qui pompent des quantités énormes d'eau, en procédant à des forages. Le comble est que ce sont ces mêmes nappes qui alimentent beaucoup de communes. De ce fait, l'alimentation en eau potable de la population se trouve confrontée à des perturbations, pour ne pas dire aux dangers d'infiltration de toute sorte de déchets toxiques en l'absence de l'élément protecteur qui est le sable, lequel agit comme un filtre contre les eaux impropres et chargées d'éléments nocifs. L'extraction à outrance du tout-venant a également défiguré et perturbé énormément les rivières dans leur écoulement, ce qui élargit le lit de ces cours au détriment des terres arables, lesquelles, chaque année, perdent un peu plus de leur superficie. Des centaines de travailleurs au chômage et une crise du sable Toutefois, si la fermeture provisoire et jusqu'à nouvel ordre de ces sablières est perçue comme un sursis pour l'écosystème, qui pourrait se régénérer un tant soit peu, il n'en demeure pas moins que cela a des conséquences lourdes sur le plan socioéconomique de la région. En effet, la fermeture des sablières au nombre d'une trentaine sur tout le territoire de la wilaya a contraint des centaines de personnes au chômage, notamment des pères de familles. Ces nouveaux chômeurs sont obligés de chercher du travail ailleurs. Autre conséquence suite à la cessation de l'activité des sablières, l'indisponibilité sinon la rareté des matériaux de construction comme le sable et le gravier. C'est une véritable crise du sable qui est née après cette décision. La plupart des chantiers publics ou privés piétinent à cause de la rareté des matériaux produits par les sablières. Les carrières d'agrégats venues en appoint sont loin de répondre à la demande grandissante, eu égard à leur nombre réduit sur le territoire de la wilaya. Conséquence, l'approvisionnement en ces matériaux se fait en dehors de la wilaya. Des transporteurs de ces matériaux sont contraints d'aller jusqu'à la wilaya de Chlef pour s'approvisionner en sable ! Avec des prix allant de 30 000 à 50 000 DA la remorque d'un camion. Ce qui s'est répercuté sur le prix du sable notamment, qui s'est vu pousser des ailes. Cette situation a fait quand même le nid des pilleurs de sable qui trouvent là une occasion pour se faire plus de profits.