Les associations de soutien à la cause sahraouie ont été déroutées, hier, par la déclaration du Secrétaire d´Etat espagnol aux Affaires étrangères, M. Juan Pablo De Laiglesia, estimant la veille devant le Sénat que «pour l´une des parties au conflit (en allusion au Maroc) il existe plusieurs possibilités d´exercer le droit à l´autodétermination, autrement que par la voie référendaire». Pour ces associations comme pour le Front Polisario c´est clair : Madrid s´oppsoe au référendum et ne veut pas revenir à la position traditionnelle qui a toujours été celle de l´Espagne depuis l´occupation du territoire sahraoui en 1975 par le Maroc. Une bouffée d´oxygène pour Rabat Dans une réaction à cette déclaration, jeudi soir, M. Boucharaya Beyun affirme qu´à travers les propos de De Laiglesia, l´Espagne exprime clairement son opposition au référendum et apporte son soutien au plan d´autonomie marocain. Pour le délégué sahraoui, il ne faut pas être dupe, car «soutenir qu´il existe plusieurs alternatives à la voie référendaire pour mettre fin au conflit du Sahara occidental ou évoquer d´autres solutions possibles que le référendum, c´est se prononcer en réalité en faveur du plan d´autonomie marocain». Pour le représentant sahraoui, la déclaration du Secrétaire d´Etat espagnol aux AE «donne un bol d´oxygène» à Rabat qui a été contrarié par le rapport présenté, en juin dernier, aux Nations unies par Christopher Ross et dans lequel le représentant personnel du SG de l´Onu avait fait état du refus du Maroc de débattre de la question du référendum sur l´ancienne colonie espagnole. «L´unique solution qui soit conforme au droit international, rappelle-t-il, est la tenue d´un référendum d´autodétermination qui permettra au peuple sahraoui de se prononcer pour l´intégration au Maroc, pour l´autonomie ou pour l´indépendance». Quelles autres alternatives ? Le numéro deux de la diplomatie espagnole a fait sa déclaration au moment où la tendance au sein de la diplomatie espagnole était plutôt au retour à la position traditionnelle de l´Espagne, fondée justement sur la tenue d´un référendum d´autodétermination dans son ancienne colonie. Les propos de De Laiglesia, un diplomate de carrière chevronné, ne peuvent pas relever d´une formulation déviée de cette position, fait-on observer au sein de la délégation sahraouie à Madrid où l´on rappelle que déjà en 2004 le ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, avait soutenu que la technique de l´autodétermination avait ses limites dans le cas du Sahara occidental. Pour les nombreux représentants des associations civiles espagnoles qui partagent ces craintes, il ne fait pas de doute que le gouvernement Zapatero dont la position sur le Sahara est des plus ambiguës, tente de faire inscrire le plan d´autonomie marocain comme base de travail des futures négociations informelles que l´envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, l´Américain Christopher Ross, prévoit d´organiser prochainement à New York. Procès des sept indépendantistes La sortie du secrétaire d'Etat espagnol risque de susciter encore davantage de mécontentement au sein de la société civile espagnole qui se mobilise à la veille de la reprise des négociations entre Rabat et le Front Polisario, tout en multipliant les campagnes contre les violations des droits de l´homme au Sahara occidental. Ce fut le cas dans plusieurs villes d´Espagne, notamment à Tenerife où des manifestations ont été organisées pour exiger la libération des sept indépendantistes sahraouis traduits par le Tribunal de Casablanca sous l´accusation d´«atteinte à la sécurité du royaume marocain» pour s´être rendus, en octobre 2009, dans les camps de réfugiés de Tindouf. Cette campagne est soutenue par des organisations humanitaires internationales, à l´image de Amnesty International (AI) qui a demandé au gouvernement marocain de libérer «immédiatement et sans conditions» les activistes sahraouis. Le directeur du programme de AI pour le Moyen-orient et l´Afrique de cette ONG, Malcom Smart, considère «inacceptable la persécution par les autorités marocaines des sept activistes sahraouis, parmi lesquels se trouvent des défenseurs des droits de l´homme et des victimes de disparitions forcées, pour avoir simplement visité les camps de réfugiés de Tindouf».