Ahmadinejad qui prédit que les sionistes sont en voie de disparition, Netanyahou qui déclare que le Liban est devenu la succursale des ayatollahs iraniens, Hugo Chavez qui fait du «shopping» chez ses alliés russes et iraniens, des caciques du parti communiste chinois qui exigent des réformes politiques… ce début de rentrée semble bien déroutant pour les hauts responsables de la politique étrangère US. Dieu merci, le président Obama est là pour définir les grandes priorités de son gouvernement. Il ne faut pas se leurrer, l'Amérique ne va pas cesser d'exiger des Chinois une réévaluation de leur yuan ou de «dicter» à des pays arabes amis leur conduite pour se mettre au diapason… démocratique. Sauf que les priorités sont les priorités, le patron de la Maison-Blanche veille en personne à ce qu'il n'y ait pas de désordre possible. Et ce n'est pas le fait que les Etats-Unis doivent 1,2 milliard de dollars aux Nations unies, soit plus du quart de la dette totale des Etats membres, qui pourrait changer grand-chose. Le président Obama sait par qui et par quoi commencer. Ne voyant pas le bout du tunnel au Proche-Orient, face au jeu des alliances des puissances étrangères et régionales, le président US place à présent le Soudan parmi ses grandes priorités. Il l'a dit et l'a confirmé devant de jeunes américains qui sont plutôt venus l'écouter défendre sa politique interne. Mais à quelques mois d'un double référendum, l'un relatif à l'autodétermination de toute la région Sud et l'autre concernant les populations de la riche région d'Abyeï qui doivent choisir d'être intégrées au Nord musulman ou au Sud chrétien et animiste, l'Amérique d'Obama ne pouvait se tenir à l'écart. Elle qui ne compte pas perdre son statut de gendarme du monde bien que l'avenir de la défense nucléaire et antimissile de l'Otan, appelée à évoluer dans le cadre de la révision du concept stratégique de l'Alliance, continue de diviser les 26 membres de l'organisation. Surtout que la crise financière mondiale va obliger certains pays de l'Otan à revoir leurs budgets militaires à la baisse. Ce qui contraindrait Washington à soutenir ouvertement le processus de réconciliation en Afghanistan, le voisin pakistanais s'engageant à faciliter ce dialogue. Toujours est-il que les Etats-Unis ne veulent pas rester en marge de ce qui se «trame» au Soudan, la présence chinoise lui causant davantage de soucis. Le président Obama craint des millions de morts si la violence venait à l'emporter et si le référendum pacifique, selon les vœux de George Clooney, venait à dérailler. De toute façon, le pouvoir à Khartoum, qui semble avoir perdu la bataille de l'unité, ne s'attend pas à un autre résultat que celui de la partition. A moins qu'une action armée soit menée contre le Sud-Soudan, une appréhension permanente chez les sudistes, selon l'ambassadrice US au Soudan. Soutenu par ses traditionnels alliés, Omar El Bachir rentrera-t-il en guerre pour sauver son pouvoir et stopper l'interventionnisme occidental, au nom d'un non-respect des droits humains au Darfour ? Tout dépendra de l'engagement des grandes puissances non-occidentales aux côtés du président que tous les mandats d'arrêt du monde n'ont pas eu raison de son règne. Le président El Bachir acceptera-t-il l'instauration d'une zone tampon de 16 km que les sudistes veulent à leur frontière non-officielle avec le Nord, histoire de préparer le terrain au renforcement des effectifs de la mission des Nations unies au Soudan (Minus) ? Bien qu'il n'en ait jamais été question, le Conseil de sécurité pourrait bien voter une telle résolution. Voire, légitimer la présence de futures forces étrangères si la scission du Soudan devait passer par un conflit armé. Zut, il faut attendre l'an prochain pour lire le second tome des mémoires de Condoleezza Rice et pour mieux comprendre ce qui s'est réellement passé avant et pendant l'invasion de l'Irak. Ce, bien avant le Soudan, aussi riche de son or noir.