C'est devenu presque une tradition. Le président Ahmadinejad, qui a proclamé que l'avenir appartient à la République islamique d'Iran, a quitté la salle de l'Assemblée générale de l'Onu quand Shimon Pères a pris la parole à la tribune. Ce, en compagnie de son homologue libanais, le général Sleimane. Ils sont partis au moment où la vieille colombe a dit qu'il ne peut y avoir d'alternative que celle des pourparlers de paix pour parvenir à la solution de deux Etats. Mieux encore, l'Etat hébreu est disposé à rouvrir le dialogue avec la Syrie, à propos de laquelle le Pentagone demeure inquiet du fait qu'elle va se faire livrer des armes par la Russie. Qu'est-ce qui a donc irrité le président iranien pour qu'il aille prendre l'air ? Accusé de tout tenter pour faire avorter les discussions de paix directes palestino-israéliennes, l'ultraconservateur iranien ne supporterait plus le blabla du gouvernement de Tel-Aviv que l'on sait, désormais, peu enclin à parvenir à un accord de paix global. Ne comptant pas rencontrer le maître d'Ankara, cela ne veut pas dire qu'Israël n'est plus ami avec la Turquie, Shimon Pères n'aurait fait que reconduire les lancinantes promesses de Tel-Aviv. Ce serait une perte de temps de les réécouter. Bien avant la reprise officielle de ces pourparlers directs, le gouvernement Netanyahou s'est assuré que le moratoire sur le gel de la colonisation reste au centre des discussions. Ce, bien avant qu'Ehud Barak ne déclare à l'attention de Mahmoud Abbas qu'il y a beaucoup plus important que ces histoires de reprise ou non des constructions. A tel point que le quartette pour une soi-disant paix au Proche-Orient a attendu la veille de l'expiration de ce moratoire pour demander son prolongement. Mais il y a plus déroutant encore. Au lieu de s'intéresser à l'essentiel pour faire avancer les négociations directes - Barack Obama n'assistera pas aux prochaines cette semaine -, Benjamin Netanyahou s'est attardé sur ce qui semble n'intéresser personne. Dans un discours vidéo retransmis à la conférence des présidents des organisations juives aux Etats-Unis, «Bibi» a formulé une étrange demande à l'adresse du président de l'Autorité palestinienne : «Dites oui à un Etat juif». Non seulement Abou Mazen doit reconnaître le caractère juif de l'Etat d'Israël mais il doit l'exprimer sans équivoque et le dire à son peuple en ces termes. A quoi cela avance Netanyahou à moins de se servir de cette reconnaissance pour calmer les ardeurs de ses frères colons ? Mahmoud Abbas s'est contenté de railler l'exigence de Netanyahou : «Si les Israéliens veulent appeler leur Etat le grand empire israélien juif sioniste, qu'ils fassent comme bon leur semble, cela m'est complètement égal (...)». Ce que Tel-Aviv doit par contre savoir c'est que le leader palestinien ne négocierait pas un jour de plus si les constructions reprennent. Et ce n'est pas à Ehud Barak, qui n'exclut toujours pas une attaque militaire contre l'Iran, qui va mesurer l'importance de la reprise ou non de la colonisation, à la place de Mahmoud Abbas. Déjà que celui-ci collectionne les critiques de ses adversaires politiques. Palestiniens et Israéliens auront-ils le temps de parler de l'essentiel ? Des réfugiés palestiniens que les Etats-Unis auraient accepté d'en accueillir 100 000 quand Ehud Olmert était encore au pouvoir à Tel-Aviv ? Quand un chef de la diplomatie, en la personne d'Avigdor Lieberman, s'amuse à dire que son idée sur l'échange des populations et des territoires, allusion aux Arabes israéliens, n'engage que lui et non pas le gouvernement dont il fait partie, il n'y aurait plus rien à espérer. A défaut d'en rire, il vaut mieux croire en la sincérité de l'ancien vigile quand il déclare qu'un accord de paix est impossible. A force de railleries en cascade.