Deux mois et demi après une perquisition au siège des services spéciaux français, la commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN) a rendu hier un avis favorable à la décalcification des rapports saisis par le juge Ramaël, en charge de l'affaire Ben Barka. Une première qui pourrait faire avancer une enquête entamée il y a quarante ans. Le gouvernement aura attendu le dernier jour pour publier l'avis de la CCSDN au Journal officiel. Signe que la perquisition effectuée les 29 juillet et 3 août au siège de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) n'a pas fait que des heureux. Ce jour-là, Patrick Ramaël a prévenu le parquet cinq minutes avant de débarquer boulevard Mortier afin d'éviter les fuites. Le juge d'instruction chargé de l'affaire Ben Barka était accompagné de Jacques Belle, président de la CCSDN, car les archives de la DGSE sont considérées depuis 2009 comme un «lieu classifié» où les magistrats doivent montrer patte blanche. Le juge Ramaël voulait écluser les archives du Sdece (ancêtre de la DGSE) susceptibles d'éclairer la disparition de Mehdi Ben Barka. Enlevé le 29 octobre 1965 devant la brasserie Lipp par deux policiers, l'opposant marocain qui vivait en exil au Caire n'a jamais réapparu. Fondateur de la Tricontinentale, Ben Barka a été victime d'un commando mêlant policiers français, truands plus ou moins repentis et… quelques honorables correspondants du Sdece. Le tout sous l'étroite surveillance des services marocains, accusés d'avoir fait disparaître le corps. Le juge Ramaël a réclamé 79 dossiers en arrivant à la DGSE. Il n'a pu en consulter que 23, notamment ceux des policiers français, appartenant au groupe stup de la Brigade mondaine, des agents ou honorables correspondants du Sdece, de l'avocat anti-OAS Pierre Lemarchand du général Mohamed Oufkir, patron des services secrets marocains et de son adjoint, le colonel Ahmed Dlimi, de l'ex-capitaine Hosni Benslimane, aujourd'hui patron de la gendarmerie royale et enfin, l'énorme dossier