Sans la bravoure et la volonté de bien faire des jeunes du quartier Baranès, route neuve, dans la commune de Bouzaréah, plusieurs automobilistes auraient passé probablement la nuit dans leurs voitures. La rupture d'une conduite principale d'eaux usées au beau milieu de cette route a chamboulé de fond en comble la circulation automobile sur ce tronçon depuis une semaine. Au milieu de la chaussée, un énorme cratère s'est ouvert. Mercredi soir, une longue file de voitures bloquait ce quartier jusqu'au pont de Carnot, déserté à cette heure par les policiers qui érigent pourtant quotidiennement un barrage de contrôle sur cet ouvrage d'art. Devant le blocage et surtout l'absence des agents de la voirie, les jeunes du quartier ont décidé de retrousser leurs manches et d'accomplir le travail des absents. Usant de leur corps comme de boucliers humains pour organiser les files de voitures qui arrivaient de quatre directions différentes, ces jeunes volontaires ont réussi à mettre un peu d'ordre dans ce tohu-bohu, déviant petits véhicules et bus, y compris ceux de l'Etusa, par une étroite rue parallèle. «Ce sont nos frères qui empruntent ce tronçon, il faut bien s'entraider», nous lancera un jeune que nous avons remercié au passage. Comme c'est toujours le cas en pareille situation, il fallait être calme avec les conducteurs impatients qui se croient mieux placés que les autres pour griller la file et se mettent en deuxième, voire troisième position pour passer avant tout le monde. Combien de temps a-t-il fallu à ces volontaires pour désengorger leur quartier ? On ne le sait pas, mais ce qui est certain c'est qu'ils seront là tous les soirs. On ne peut que leur dire merci et bravo les jeunes de Baranès !