Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbas, annonce la création d'une nouvelle direction du médicament au sein de son département afin de vérifier les tenants et les aboutissants du secteur. Plusieurs nouvelles mesures sont engagées par le ministre afin d'encourager la production nationale de médicaments et diminuer de façon graduelle l'importation. La plus importante concerne la décision prise pour libérer, dès aujourd'hui, la matière première de 169 opérateurs, bloquée depuis des mois au port d'Alger. Cette déclaration a été faite lors de la première rencontre organisée hier à l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA), ayant regroupé les opérateurs, les syndicats et les associations professionnelles activant dans le secteur du médicament. Le ministre a annoncé en effet que «le dossier des conteneurs des matières premières bloqués depuis des mois au port d'Alger sera complètement réglé à partir d'aujourd'hui». Il affirme qu'il veillera lui-même à ce que les 169 opérateurs qui payent cher ce retard reçoivent les premiers leurs produits. Cette mesure fait partie d'une série de dispositions mises en place par le premier responsable du secteur afin d'encourager la production nationale et minimiser les importations de médicament. Des facilitations sont également accordées, notamment pour l'acquisition des crédits bancaires. Il rappelle qu'en 2009 près de 70% des médicaments couvrant la demande nationale ont été importés pour une recette de 2 milliards de dollars. Un chiffre estimé énorme et qui peut être revu à la baisse si l'environnement pour la production nationale était favorable. Selon lui, il faut établir un certain équilibre entre la production nationale et l'importation des médicaments. L'objectif principal est d'arriver à l'autosuffisance nationale que l'on peut réaliser d'ici quelques années. «On ne va pas mettre un terme à l'importation actuellement, mais l'instruction du Premier ministre doit être respectée», tonne le ministre. Il avance dans le même sillage qu'outre la liste des 239 médicaments interdits à l'importation, une nouvelle liste constitue le thème de recherche et de discussion au ministère et qui sera rendue publique prochainement. Le ministre se livre à une vraie «guerre» contre la pénurie du médicament, qui, dit-il, est l'invention de certains opérateurs. Des mesures draconiennes sont donc mises en place pour combattre ce phénomène qui prend de l'ampleur, particulièrement en ce qui concerne les traitements médicamenteux de certaines pathologies graves comme le cancer. Le premier responsable du secteur promet qu'en 2011 aucune pénurie ne sera dénoncée puisqu'un travail de suivi sera réalisé. Il impute les pénuries enregistrées par ailleurs à la défaillance du réseau de distribution. M. Ould Abbas espère dans ce cadre trouver un terrain d'entente avec les importateurs et les fabricants pour assurer la distribution des médicaments sur les 8000 pharmacies que compte le pays, puisque les distributeurs n'arrivent pas à assumer cette tâche convenablement. En ce qui concerne l'Agence nationale du médicament, M. Ould Abbas déclare qu'elle sera opérationnelle à partir de 2011. 30 millions de médicaments empilées dans les magasins de Saidal Le directeur du marketing de Saidal, Yahia Saâd-Eddine, a confirmé en marge de cette première rencontre qu'«en effet, 30 millions de médicaments sont stockés depuis des mois au niveau des magasins de l'opérateur étatique en raison des lenteurs des procédures administratives». Il ajoute que son entreprise a toujours été accusée de ne pas produire suffisamment de médicaments, alors qu'en réalité le problème ne se pose pas dans la quantité produite, mais par rapport à l'absence de facilitations des procédures administratives permettant une bonne gestion des produits réalisés.