L'Algérie est toujours considérée par l'ONG spécialisée dans la lutte contre la corruption, Transparency International (TI), comme l'un des pays les plus corrompus au monde. Dans son indice de perception de la corruption (IPC) pour l'année 2010, TI classe l'Algérie à la 105e place sur 178 pays, avec une note de 2,9 sur 10, sur une échelle allant de 10 (haut niveau d'intégrité) à 0 (haut niveau de corruption). Même si notre pays a gagné six places par rapport au classement de l'année 2009 (111e sur 180 pays). Le rapport de l'organisation vient ainsi contredire les efforts des pouvoirs publics et leur volonté affichée de combattre ce fléau à travers un arsenal juridique mis en place depuis des années. La corruption gangrène sérieusement le pays à tous les niveaux, n'ont cessé d'alerter et les politiques et les acteurs de la société civile, alors que les scandales ne finissent pas d'éclater dans le sillage des scandales de l'autoroute Est-Ouest et Sonatrach. Si au niveau mondial, l'Algérie occupe toujours une place peu reluisante, elle n'est pas mieux lotie au plan régional. Sur les 19 pays de la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord), l'Algérie se trouve dans les profondeurs du classement, à la 14e place, devancée par les pays voisins. La Tunisie avec une note de 4,3 est classée 9e (59e au niveau mondial), le Maroc 10e (85e), alors que l'Egypte est à la 12e place (98e). Le classement Mena est dominé par le Qatar avec une excellente note de 7,7 et une place dans le top 20 mondial (19e), suivi des Emirats arabes unis 28e mondial et Israël complète le podium (30e). Sur les 178 pays concernés par le classement de TI, «près des trois quarts affichent un indice de perception de corruption inférieur à la moyenne», est-il noté dans le rapport. Le Danemark, la Nouvelle-Zélande et Singapour arrivent en tête des pays considérés comme les moins corrompus au monde, avec un indice de 9,3. L'Afghanistan et la Birmanie sont par contre ex aequo avant-derniers sur la liste avec un indice de 1,4, tandis que la lanterne rouge revient à la Somalie avec un score de 1,1. «Ces résultats indiquent que des efforts beaucoup plus importants doivent être accomplis vers le renforcement de la gouvernance à travers le monde», écrivent les rédacteurs du rapport. Il reste donc beaucoup à faire pour l'Algérie qui doit redoubler d'effort pour un tant soit peu juguler ce phénomène «normalisé». Le Premier ministre a beau insister dans sa toute dernière intervention devant les députés à l'occasion de la présentation de la déclaration de politique générale de son gouvernement sur «les nouvelles dispositions législatives introduites dans les lois relatives à la lutte contre la corruption, à la répression du trafic des changes, au renforcement du rôle de la Cour des comptes (…) pour confirmer la détermination du gouvernement», mais la réalité du terrain est toute autre. L'Association algérienne de lutte contre la corruption (AALC), présidée par Djillali Hadjadj, qui a été incarcéré récemment pendant quelques jours, a estimé dans une déclaration rendue publique que non seulement l'Algérie ne fait aucun progrès en matière de corruption, mais bien au contraire cette stagnation s'explique, selon l'AALC, par l'absence de volonté politique au plus haut niveau de l'Etat à lutter contre la corruption. «Les discours des pouvoirs publics ne changent rien à la donne, l'Algérie se distinguant par l'adoption ou l'annonce de décisions visant à lutter contre ce fléau, mais qui demeurent inappliquées», écrit l'AALC, qui note que «le pouvoir algérien doit cesser de lutter contre ceux qui luttent contre la corruption».