Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Air Algérie demeure en zone de turbulences… européennes. Certes, la compagnie, sous la direction de Wahid Bouabdallah, vient d'échapper de justesse à une «confirmation» sur liste noire, mais la fin des pressions de Bruxelles n'est pas prévue avec la prochaine éclaircie. Est-ce un rappel du premier ultimatum que lançaient les instances européennes le 5 juillet dernier ou la toute dernière sommation avant que la compagnie algérienne ne se fasse taper fort sur les doigts ? Elle doit se mettre, le plus vite possible, en conformité avec les normes de sécurité européennes au risque d'être «exclue» de l'espace aérien européen, voire y perdre plus d'une aile pour non-respect de la législation européenne en vigueur. Car, à s'en tenir à ce que révèlent les contrôles dits SAFA que les inspecteurs des aviations civiles européennes mènent durant les escales dans les aéroports du Vieux Continent, il y a manquement dans les domaines de la sécurité du transport des marchandises, de la navigabilité et de l'exploitation des appareils et des licences du personnel naviguant. A la prochaine défaillance constatée, Air Algérie verra-t-elle le gros de sa flotte cloué sur le tarmac, les trois quarts de son activité reposant sur ses liaisons avec l'Europe ? Si les consultations entre les autorités algériennes et les Vingt-sept de l'Union européenne vont bon train, le comité de sécurité aérienne de l'espace Schengen n'a pas écarté une prochaine inscription sur liste noire pour la compagnie aérienne algérienne. Ce ne serait-ce que pour une histoire de temps. A moins, bien sûr, que le vis-à-vis algérien déploie tous ses efforts afin d'éviter la «catastrophe» et ce, avant l'expiration du nouveau délai que ledit comité a jugé important de proroger. Car il faut dire que le manque à gagner n'est pas une affaire strictement algérienne mais concerne également la partie européenne dont les intérêts sont aussi en jeu. Force est de reconnaître que l'intransigeance n'a pas sa place à bord. Privilège, donc, à la compréhension, une flotte comme celle d'Air Algérie ne pouvant se mettre à niveau en un claquement de doigts. Ce qui ne lui permet pas, non plus, de dormir sur ses coussins rouge et blanc. Car il se pourrait bien que le renouvellement du délai de conformité soit le dernier. Et ce quelle que soit la superficie du terrain d'entente qui réunit encore les deux parties. La patience des Européens a, elle aussi, ses limites. Mais, semble-t-il, assez de garanties ont été données par le partenaire algérien pour que celui-ci bénéficie d'un nouvel ultimatum. D'où l'absence d'inquiétude chez le Premier ministre Ahmed Ouyahia qui, lors de la récente présentation du bilan de son gouvernement devant les députés, a assuré que la compagnie n'allait pas figurer sur la liste noire européenne. Les personnels d'Air Algérie auraient tant aimé faire preuve du même sang-froid que le chef du gouvernement et, surtout, avoir ses certitudes. Sauf que dans les couloirs de l'aéroport international Houari Boumediene et dans les agences Air Algérie, les rumeurs décollent plus vite qu'elles n'atterrissent. D'ici la prochaine réunion du comité de sécurité aérienne européenne, ils pourront naviguer sans la peur au ventre. D'ici à ce que le délai expire, il faut tout mettre en œuvre pour éviter le trou noir.