La situation s'aggrave de jour en jour dans les territoires sahraouis occupés, et ce, malgré le black-out médiatique imposé par le roi. Des images et des vidéos prises avec des téléphones portables affluent sur les différents sites de la toile. Elles illustrent toute la violence de la répression des forces militaires et policières marocaines. «Les habitants sahraouis ont dû quitter le camp en voiture, parfois à pied, sous les bombes lacrymogènes, les jets d'eau et la panique. On a retrouvé des bébés seuls dans ce qui reste du campement. Hier, nous avons retrouvé des corps dans le lit de Saquia El Hamra. Trois personnes tuées par balle, une autre égorgée et volontairement défigurée», a révélé un militant français de la cause sahraouie. Et de renchérir : «D'autres, dont plusieurs femmes, ont été jetés dans des citernes. Nous ne les avons pas identifiés, et ce que nous craignons c'est qu'ils ne puissent jamais l'être.» «Il faut que des observateurs, la presse internationale et surtout une mission d'enquête de l'ONU puisse pénétrer sur le territoire du Sahara occidental en danger, de manière urgente, avant que le Maroc n'efface trop de traces de son forfait», ajoute notre source. Hier, plusieurs centaines de militants solidaires et de membres de la communauté sahraouie de la région parisienne se sont rassemblés devant l'ambassade du Maroc à Paris, avant de rejoindre le parvis des droits de l'homme au Trocadéro. Aujourd'hui, à 15h à la Fontaine des innocents à Paris, plusieurs haltes de solidarité sont prévues dans la région parisienne pour dénoncer les exactions marocaines au Sahara occidental et appeler le gouvernement français à jouer enfin un rôle positif dans la construction de la paix dans la région, en obligeant «son ami» le Maroc à respecter enfin le droit international. De même pour le ministre britannique chargé des Affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, Alistair Burt, qui a affirmé jeudi à Alger que son pays suivait avec beaucoup de précaution et d'inquiétude la situation qui prévaut au Sahara occidental. «Comme beaucoup d'autres pays, nous suivons la situation au Sahara occidental avec beaucoup de préoccupation et d'inquiétude. C'est une question qui est restée sans solution depuis très longtemps et la violence qui est apparue, ces derniers temps, est l'expression de la frustration vécue jusqu'à présent», a-t-il déclaré. Et d'ajouter : «Nous soutenons les efforts des Nations unies et de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, Christopher Ross, pour aboutir à une solution négociée qui inclut le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.» Amnesty International plaide pour une enquête Amnesty International (AI) a demandé jeudi au Maroc d'ouvrir une «enquête indépendante» suite à l'attaque menée, lundi dernier, par les forces d'occupation marocaines contre le «camp de la liberté» de réfugiés sahraouis près de la capitale occupée d'Al Ayoune. Déplorant le fait que des centaines de Sahraouis aient été victimes de cette agression, AI a souligné que des milliers de Sahraouis ont été chassés de ce camp par les forces marocaines. Le directeur de l'ONG pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, Malcolm Smart, dira qu'il «s'agit d'incidents très sérieux qui menacent d'aggraver davantage la situation au Sahara occidental». Malcolm a haussé le ton à l'endroit du Maroc. «Cette brutalité est délibérée et tous les témoins ont été écartés. Journalistes, avocats, parlementaires, ONG sont interdits d'entrée au Sahara occidental pour vérifier l'ampleur des événements à Al Ayoune occupée.»