Le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, vient de lancer un nouvel et énième appel au secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, et au Conseil de sécurité afin d'intervenir rapidement pour protéger les populations sahraouies dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine. Ces dernières sont soumises à une répression féroce depuis le début de l'intifadha sahraouie à El Ayoun et à Dakhla. Le soulèvement populaire dans les territoires sahraouis occupés a apporté une nouvelle confirmation quant à la politique annexionniste de ce pays par le Maroc qui a voulu faire accroire au monde que le Polisario est une création des services spéciaux algériens. Le roi est désormais nu. Après avoir longtemps brimé par la terreur toute velléité indépendantiste dans les territoires occupés transformés en villes-garnisons fermées au monde, l'indépendance du peuple sahraoui est désormais bien en marche. Comme les manifestations de décembre 1961 ont accéléré le processus de l'Histoire en Algérie. La responsabilité de la communauté internationale est entière quant à la répression qui s'abat sur la population sahraouie. Les rares images des violences policières contre les manifestants sahraouis retransmises par les télévisions étrangères ont enlevé aux consciences occidentales, qui ont couvert par leur silence et complicité active ou passive le fait colonial, l'ultime alibi d'un mauvais scénario colonial. Celui-ci s'appuyait sur la pacification apparente des territoires sahraouis pour faire accroire au monde qu'il n'existe pas de revendication indépendantiste au Sahara-Occidental. Nul ne pourrait désormais se voiler la face pour dire : « Je ne savais pas. » Les autorités espagnoles furent les premières à être tirées de leur léthargie en tant qu'ancienne puissance occupante du Sahara-Occidental mais, aussi et surtout, sous la pression de leur société civile qui a vivement dénoncé la chasse aux manifestants sahraouis dans les territoires occupés et le black-out total imposé dans les villes sous occupation marocaine. La réaction de la société civile espagnole pourrait faire tache d'huile dans d'autres capitales européennes alignées sur les thèses marocaines. Quant à l'ONU, connaissant son mode de fonctionnement, elle n'a jamais fait l'histoire des peuples pour attendre aujourd'hui du Conseil de sécurité qu'il volât au secours des populations sahraouies assiégées. Les peuples en lutte ont toujours été maîtres de leur histoire et de leur destin. Le cri d'indépendance du peuple sahraoui - qui est poussé cette fois-ci du plus profond de l'âme de ce peuple, de l'intérieur même des territoires occupés - ressemble à ce cri de la vie d'un nouveau-né qui aura affronté toutes les adversités d'une naissance difficile et contrariée.