Neuf militants sahraouis des droits de l'homme, dont 3 femmes, sont arrivés des territoires occupés du Sahara occidental. Jeudi, soit le lendemain de leur arrivée, la délégation, la sixième du genre, a animé une conférence de presse, au siège du Comité national algérien de soutien au peuple sahraoui (CNASPS, Alger), en présence notamment de l'ambassadeur de la République sahraouie (RASD). Dans leurs déclarations, les militants ont alerté de la situation infligée à la population sahraouie, par l'occupant marocain, depuis l'invasion de leur pays, en octobre 1975. Une situation faite de souffrances, d'emprisonnements, de déportations et de procès iniques. “Notre venue est un défi au régime marocain, qui a imposé l'embargo médiatique et le black-out sur les droits humains. Nous sommes venus pour briser le mur imaginaire”, a déclaré Ali Amnou, le représentant du Comité de défense du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui (CDDAPS). L'ex-détenu, qui a passé plus de 13 ans dans les prisons marocaines, a également souligné que leur visite vise à “montrer au monde entier qu'il n'y a pas d'alternative à notre droit à l'autodétermination et que nos martyrs ne sont pas morts pour rien”. Des propos qui, tout le long de la rencontre, reviendront sans cesse dans les lèvres des différents intervenants. La tournée de la 6e délégation, qui mènera celle-ci dans les camps de réfugiés, intervient dans un contexte particulier, marqué particulièrement par la célébration du 37e anniversaire du déclenchement de la lutte armée. Elle survient aussi, quelques jours après la libération, par le Maroc, de 3 détenus sahraouis grévistes de la faim sur les 6 membres ayant été arrêtés à leur retour des camps de réfugiés. Pour nos interlocuteurs, cette libération est le résultat de la bataille engagée par les détenus sahraouis, à travers une grève de la faim qui a duré 41 jours, et des pressions internationales exercées sur le gouvernement de Rabat. Dans leurs témoignages, les membres de la délégation ont rapporté que la veille de leur départ, la population sahraouie est confrontée à une nouvelle vague de répression. D'après Djouda Oum El-Fadhli, 48 ans, les forces d'occupation ont “quadrillé” plusieurs quartiers, depuis le 5 mai dernier, pour empêcher la commémoration de l'anniversaire de la lutte armée (20 mai) et celle de “l'Intifadha pour l'indépendance” qui fête ses 5 années. Cette mère de 5 enfants, battue violemment en janvier dernier, lors du retour triomphant d'Aminatou Haïder dans sa ville natale, et privée de soins, a précisé que les visites dans les camps de réfugiés figurent normalement dans le plan onusien. De son côté, l'étudiant Moulay Badi a soutenu que ces visites ont mis à nu la propagande marocaine, qui consiste à présenter les réfugiés sahraouis comme des séquestrés. “Les délégations qui se sont rendues dans les camps nous ont donnée une idée de la vie des réfugiés, des institutions, du projet d'Etat. Elles ont insufflé un nouveau souffle et ouvert de nouvelles perspectives”, a-t-il indiqué, en appelant les médias internationaux à contribuer davantage à “mettre fin au matraquage marocain”. Quant au jeune Hammad Ali Sidi Zaïn, sa joie est à son comble : il fête ce jeudi son 23e anniversaire et s'apprête à rendre visite “enfin” à ses grandes sœurs.