Les Etats-Unis ont réitéré leur souhait d'aller davantage dans le sens de la coordination de leurs efforts avec l'Algérie dans le cadre de la lutte antiterroriste, surtout que l'Algérie reste l'un des pays qui luttent contre le paiement des rançons aux terroristes lors des opérations de prise d'otages. Les Etats-Unis souhaitent approfondir leurs relations avec l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme car ce sont des relations «absolument essentielles», a affirmé le coordonnateur de la lutte antiterroriste au Département d'Etat américain lors d'une conférence de presse organisée par le Département d'Etat à Washington dans laquelle il a expliqué la politique américaine de lutte contre le terrorisme et présenté ses points de vue sur certains aspects de ce fléau. Dans le cas de l'Algérie, il a affirmé qu'il «apprécie fortement le travail accompli par les responsables algériens du contre-terrorisme et des forces de l'ordre», ajoutant que les Etats-Unis considèrent cette coopération «comme une relation absolument essentielle». «L'Algérie a une grande volonté politique de lutter contre le terrorisme et une grande expérience que nous voulons tous acquérir», a souligné le responsable américain. A cet effet, il a soutenu que les Etats-Unis «cherchent à approfondir cette relation afin que nous puissions faire face aux menaces communes. Je crois que cela a été un engagement très positif que nous souhaitons approfondir dans les années à venir». Dans les observations préliminaires qu'il a formulées avant de répondre aux questions des journalistes, M. Benjamin a largement abordé la question du versement des rançons aux groupes terroristes au sujet de laquelle il a souligné que «l'Algérie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis sont parmi les quelques gouvernements qui refusent de payer une rançon pour la libération des otages». Sur ce point, il a cité le cas de l'Afrique, notamment la région du Sahel où, a-t-il indiqué, le groupe terroriste «Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) fait preuve de résilience et d'aptitude à mobiliser des ressources financières substantielles grâce aux rançons versées». «L'urgence de couper le financement des terroristes» Pour le responsable américain «le recours de l'AQMI aux enlèvements contre rançon pour assurer sa survie souligne l'urgence de couper cette source de financement», tout en estimant que «quelque chose doit être fait pour aider les pays comme le Mali, la Mauritanie et d'autres dans la région». Sur ce dernier point, il a précisé qu'«obtenir un large accord sur une politique sans concessions des gouvernements des pays riches serait un très bon commencement» pour mener à bien cette politique. Faisant une allusion claire à certains pays européens qui continuent à payer les rançons demandées par les terroristes, le chef américain de la lutte contre le terrorisme a souligné que, certes, le non paiement de rançons a des «coûts réels» sur le plan des pertes humaines. «Les terroristes peuvent tuer des otages, mais au fil du temps, a-t-il insisté, s'ils voient que les pays ne paient pas de rançons, la fréquence des enlèvements de leurs ressortissants diminuera.» Interrogé sur la faisabilité de la position et des arguments des Etats-Unis contre le versement de rançons dans la conviction d'autres pays, M. Benjamin a rappelé que «la zone d'activité de l'AQMI se situait, tout au début, le long du littoral algérien. Grâce au travail très efficace des autorités algériennes, ses opérations ont largement décliné dans cette zone», a-t-il constaté. En conséquence, a-t-il ajouté, l'AQMI a envoyé un certain nombre de ses éléments au Sahel où il a enrôlé quelques recrues de cette région, et ces éléments commettent des enlèvements contre rançon. «Je pense qu'il est juste de dire que le versement de rançons constitue la première source de revenus pour l'AQMI. Et c'est cela qui lui permet de se maintenir avec des rançons de plusieurs millions de dollars qui sont versés. Cela est profondément inquiétant», a souligné le responsable américain. Il a estimé que «si de réels progrès ont été réalisés pour faire tarir les ressources financières des terroristes à travers le monde» par la fermeture de comptes bancaires et le contrôle des transactions financières internationales, «les rançons sont différentes» des autres sources de financements, puisqu'elles demeurent incontrôlables. Mais le conférencier pense qu'il est clair que lorsqu'on paye une rançon, on peut alors s'attendre que deux ou trois autres ressortissants soient enlevés plus tard, étant donné l'efficacité de la tactique. Le patron américain du contre-terrorisme a soutenu, à cet égard, que sur la politique de non versement de rançon, «l'Algérie, en particulier, a été très franche sur ce point, et je pense que nous ferions bien tous de tenir compte de son message».