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Les cancéreux décèdent en attendant leur tour de radiothérapie Au moment où le secteur sanitaire promet 35 milliards DA pour le Fonds national contre le cancer
Au moment où le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbas, annonce aux députés à l'Assemblée populaire nationale (APN) que près de 35 milliards DA ont été mobilisés pour le Fonds national de lutte contre le cancer, créé en vertu d'un article additionnel de la loi de finances 2011, pour contribuer à l'acquisition des équipements de radiothérapie, les associations de lutte contre cette maladie du siècle évoquent une carence grave en matière de radiothérapie. Cela fait quatre mois que celle-ci est à l'arrêt, selon la secrétaire générale de l'association El Amel de lutte contre le cancer, Mme Hamida Kettab. Celle-ci développera que les cinq centres anticancer où la radiothérapie est disponible ne donnent plus de rendez-vous. Notre interlocutrice estime que les centres ne suffisent plus. Et le fait que l'hôpital de Aïn Naâdja ne prend plus en charge les cancéreux qui nécessitent ce genre de radio et le fait que les machines de ceux d'Oran et de Constantine soient actuellement en panne, n'arrange guère le problème. Une note déclarant l'arrêt de prise de rendez-vous a été d'ailleurs affichée au niveau de ces centres, notamment celui de Blida et le Centre de Pierre et Marie Curie (CPMC) qui se trouvent actuellement inondés de malades et dépassés par le travail. «D'après le président du CPMC, les dates des rendez-vous de radiothérapie courent jusqu'en avril 2010.» Le nombre croissant de demandeurs en attente a incité ce directeur à arrêter les rendez-vous et à s'occuper d'emblée des malades qui se sont déjà présentés, il y a deux mois. C'est le temps calculé pour que le malade arrive à décrocher le rendez-vous. Or la radiothérapie se pratique après la chimiothérapie dans un intervalle de 21 jours, au plus. La chimiothérapie ne se porte pas mieux Idem pour la chimiothérapie qui ne se porte pas mieux dans notre pays. «L'on attend 8 à 10 mois au lieu de 29 jours pour une chimiothérapie, après une ablation du sein, à titre d'exemple», nous dira la SG d'El Amel. Le temps que la patiente décède ou s'en tire avec une complication sans précédent. Au moment où la France enregistre 89 à 90% de guérison, 3500 femmes atteintes de ce type de cancer décèdent par an, dans notre pays. «Elles meurent par négligence et non de cette maladie devenue guérissable de nos temps», s'offense Mme Kettab. Pourtant, le concept, le protocole et le traitement ne diffèrent pas. «Il est scandaleux de voir le nombre de 7000 cas de cancer du sein enregistrés en 2009 contre 9000 en 2010.» Manque de matériel, de structures et de formations professionnelles proprement dites en sont les premières causes, selon notre source. «Comment voulez-vous que la lutte contre le cancer bat son plein si l'on ne dispose pas de ‘‘registre de cancer'', servant à évaluer la situation pour mieux l'étudier, et d'un ‘‘plan cancer'' parrainé par le président de la République et dirigé par différents secteurs, notamment celui du travail, de la santé, de l'éducation… Un plan qui existe dans les pays développés et que le Maroc vient d'adopter en mars. Un plan qui englobe les mesures adaptées, les évaluations, les validations, les stratégies...» «Selon une évaluation réalisée il y a deux ans par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) concernant le taux de guérison et de prise en charge des malades atteints du cancer colorectal, celui des poumons et du sein, notre pays a été classé le dernier sur les trente désignés», s'indignera-t-elle. Se référant au propos du ministre concernant les équipements de radiothérapie qui profiteront à toutes les personnes nécessitant ces soins, dont seuls 8000 cancéreux sur 28 000 à l'échelle nationale bénéficient actuellement, Mme Kettab souhaiterait que les 20 000 malades restants soient pris en charge à l'étranger. «C'est un droit des plus légitimes. A quoi serviraient donc les cotisations versées à la sécurité sociale ?» «On voudrait bien attendre la concrétisation des promesses du ministre de la Santé que je ne remet pas en doute, mais faudrait-il le faire avant que cela ne soit trop tard», ajoutera-t-elle, pour conclure que «contrairement aux autres secteurs, la santé n'attend pas».