«Le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, a souligné, dimanche à Adrar, l'impérative scolarisation des filles, notamment celles vivant dans les régions rurales présentant des opportunités de scolarisation réduites», nous apprend une dépêche de l'APS. On ne sait pas si le ministre de l'Education a fait cette déclaration sur le ton d'un responsable découvrant, ébaubi, que des filles algériennes, à l'orée de l'année 2011, n'ont pas encore accès à l'éducation ou sur celui de quelqu'un qui se décide à révéler un fait grave que le discours officiel a voulu cacher, du moins minimiser avant ça. On ne sait pas non plus si ces filles ne vont pas à l'école en raison du manque de moyens de leurs parents, en raison de tenaces archaïsmes de certaines familles de leur volonté ou en raison de la faiblesse des infrastructures publiques ou de leur absence tout court dans certaines régions du pays. On pensait que la scolarité pour tous les enfants d'Algérie – filles et garçons – était une évidence, on découvre, de la bouche du ministre de l'Education qui n'a pas la réputation de faire d'aussi flagrants constats d'échec, que c'est loin d'être le cas. Tout devient clair quand il «insiste sur l'intensification des efforts pour faire face au phénomène de la privation de la fille de scolarisation dans les régions enclavées et déshéritées, en lui offrant l'opportunité de suivre des études dans les différents paliers de l'éducation». Mais voilà, il n'y a pas que les moyens qui privent des filles de l'école, sinon M. Benbouzid n'en aurait sans doute pas parlé. Les petites algériennes qui n'ont jamais connu la joie du cartable ou en ont été rapidement soulagées sont doublement sanctionnées. Quand, dans une localité isolée, l'école est problématique, ce sont elles qui en font «prioritairement» les frais. Quand un père socialement fragile en arrive à choisir parmi ses enfants lequel sera scolarisé, c'est encore elles qui passent à la trappe. Et quand d'autres parents décident, d'autorité, que l'école c'est fait pour les garçons, il n'y a aucune autorité qui les rappellerait à l'ordre, puisqu'il n'y a aucun dispositif légal, aucun moyen de coercition qui puisse l'en empêcher. L'école obligatoire devient alors une profession de foi. Dans les hameaux isolés d'Adrar auxquels pensait sans doute le ministre de l'Education en faisant sa déclaration ou dans d'autres localités. Sans doute parce que dans ces contrées, les infrastructures sont faibles et la difficulté sociale plus répandue, mais surtout parce que le ministre n'a pas tout dit. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir