L'inauguration du centre audioprothèse de l'Office national d'appareillage et accessoires pour personnes handicapées (ONAAPH) a été l'occasion pour le ministre du travail, de l'emploi et de la sécurité sociale de rappeler que l'inspection du travail veille à ce que les entreprises respectent la législation qui oblige les chefs d'entreprises à recruter au minimum 1% de personnes handicapés. «Des contrôleurs désignés par l'inspection du travail y travaillent, depuis la mise en vigueur de cette loi en 2002», a affirmé Tayeb Louh. «Comme toute personne, celle qui souffre de handicap peut rencontrer des difficultés dans son travail, notamment les licenciement abusifs, les harcèlements incitant à la démission, etc. Et c'est à l'inspection du travail de voir de plus près ces délits que chacun peut rencontrer, handicapé ou non. Des sanctions sont, bien entendu, infligées aux patrons qui enfreignent la loi. Si le ministère fait de son mieux pour insérer les personnes handicapées dans le milieu du travail en les faisant jouir des mêmes droits que les autres travailleurs, à savoir le droit à la sécurité sociale, à la retraite, à la médecine du travail, à la négociation collective, à la participation dans l'organisme employeur et à l'hygiène, comment expliquer alors le fait que la plupart des entreprises ne suivent pas, puisque l'on voit encore des personnes handicapées non acceptées ou licenciées à l'aube de leur carrière ? Selon une responsable à la direction générale de la Caisse nationale d'Assurances Sociales des travailleurs salariés, qui a préféré garder l'anonymat, «nombreux sont les employeurs, particulièrement privés, qui n'offrent pas ces droits à leurs employés», a souligné cette responsable, précisant que ce problème ne concerne pas seulement les handicapés. Les handicapés sont plus facilement lésés Toutefois, à entendre les responsables de l'Inspection du travail, les handicapés sont loin d'être les premiers à se présenter à eux, sinon ils auraient été les premiers à être servis. C'est ce que nous a affirmé Smaïn Bounerf, responsable à l'Inspection du travail d'El Achour. En une année de travail dans ce service qui traite les affaires des communes de Chéraga et de Draria, «aucun recours n'a été fait par une personne handicapée. Mais faudrait-il encore que ces personnes soient recrutées pour pouvoir réclamer leurs droits en cas de litige avec leur employeur», souligne-t-il, estimant que le problème réside, en premier lieu, dans l'insertion de la personne handicapée dans le milieu du travail, avant d'arriver à l'étape d'être lésé. La situation ne se présente pas différemment du côté des agences de recrutement. Mme Lila Menour, directrice commerciale à Emploi-net à Alger, a en effet affirmé que les personnes handicapées sont très rares à se présenter, voire ne se présentent jamais. Notre interlocutrice suppose qu'en général, cette frange de la société est recommandée par des connaissances. L'agence accepte sans exception tous types de demandes d'emploi. «Aucun demandeur n'est exclu mais reste à savoir si nos clients, les employeurs, acceptent de recruter une personne handicapée. Le choix leur revient au moment où l'agence se retire», a ajouté Mme Menour. Ainsi, tout demeure encore flou dès qu'il s'agit de faire travailler les handicapés. Ces derniers doivent souffrir en silence, espérant un jour trouver leur place dans la société en général et une place dans le monde du travail en particulier. En attendant, les handicapés «rasent les murs», se contentant de peu et n'osant même pas se présenter ouvertement pour un emploi ou réclamer un droit pourtant légitime, une fois employés.