Plusieurs personnalités historiques et politiques ont participé hier à l'hôtel El Aurassi au colloque international «Enrico Mattei et l'Algérie pendant la guerre de Libération nationale». Placée sous le haut patronage du président de la République, cette manifestation est organisée en collaboration avec l'Office national de la culture et de l'information, de la Société nationale italienne des hydrocarbures (ENI Algérie), de l'ambassade d'Italie et de la direction générale des archives nationales d'Algérie. Il s'agit de ce grand homme politique italien qui a ardemment défendu les positions du FLN relatives à l'indépendance de l'Algérie. Plusieurs interventions, dont des témoignages de personnalités qui ont connu Mattei, qui fut fondateur et président de l'ENI de 1953 à 1962. Une lettre témoignage intitulée «Le réseau de solidarité en Europe occidentale», par Ali Haroun, ancien membre du Haut Comité d'Etat, avocat agréé près la Cour suprême, a été lue pour les présents. «Vous pouvez me demander de me séparer de ma femme, mais pas de l'Algérie» Bruna Bagnato, professeur d'histoire des relations Internationales à l'Université de Florence, a abordé le thème «L'Italie et la question algérienne : le gouvernement, les partis et les forces sociales». «La stratégie de Mattei en Afrique du Nord et le soutien à la cause nationale algérienne. Contacts et rencontres». Quant à Lucia Nardi, responsable des relations culturelles de l'Eni Rome, elle est intervenue sur le sujet de la «diplomatie parallèle» de l'ENI et le rôle des «hommes de Mattei» dans les pays d'Afrique du Nord». La communication de Abdelmadjid Chikhi, directeur des archives nationales, a porté sur le thème «Les ressources du Sahara algérien dans les négociations d'Evian». Il a en outre mis l'accent sur les négociations d'Evian et sur la stratégie du FLN et la volonté de la France de vouloir séparer le Sahara de l'Algérie allant jusqu'à proposer à un noble Targui de le nommer roi du Sahara. Celui-ci leur avait répondu en ces termes : «Vous pouvez me demander de me séparer de ma femme, mais pas de l'Algérie.» Il a également indiqué que le chef du gouvernement de cette époque avait ordonné dès 1956 au gouverneur d'Alger de transmettre discrètement les archives importantes en France. Des interventions de Reda Malek, ancien chef du gouvernement, un des négociateurs d'Evian, de Abdelhamid Mehri, ex-ministre du GPRA, de Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur qui a témoigné en tant qu'ancien membre du Malg (ministère de l'Armement et des Liaisons générales). D'autres parmi ses compagnons dans le même organisme de l'ALN. Enrico Mattei, né en 1906 dans les Marches, en Italie, est mort en 1962. Sa mort, survenue dans un accident d'avion, a été considérée comme suspecte par beaucoup. Elle avait inspiré du reste au cinéaste Francesco Rosi un film ayant pour titre L'affaire Mattei (Il Caso Mattei), (palme d'or au Festival de Cannes), un film qui réfutait la thèse de la mort accidentelle et qui faisait valoir la piste criminelle en ce sens que l'homme, en contrôlant le secteur de l'énergie en Italie, pouvait avoir remis en cause beaucoup d'intérêts. En parallèle de ce colloque, une exposition d'archives de photos d'Enrico Mattei sur son parcours et sur ses prises de position pour la cause algérienne. Figurent également des photos et des déclarations de personnalités sur l'indépendance de l'Algérie, telles que Jean-Paul Sartre et Théodore Monod. Ce colloque a permis aux participants de revisiter l'histoire de l'Algérie et des personnalités qui ont pris position pour son indépendance.