Des personnalités historiques et diplomatiques ont témoigné sur la contribution qu'il a apportée au Gpra, dans les négociations sur la question du Sahara. Enrico Mattei. Un nom moins populaire chez les Algériens que les Maurice Audin, Françis Jeanson, Frantz Fanon et autres personnalités étrangères qui ont soutenu la guerre de Libération nationale. Et pourtant, l'aide qu'a apportée l'ancien président de l'Entreprise nationale des hydrocarbures italienne (ENI) au FLN, n'était pas moins importante. En guise de reconnaissance, un colloque lui a été consacré hier à Alger. Des personnalités historiques, politiques, diplomatiques ont apporté leur témoignage quant à la contribution qu'il a apportée au Gpra (Gouvernement provisoire de la République algérienne). Ce colloque, placé sous le haut patronage du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a été organisé par l'ambassade d'Italie en Algérie et le Centre culturel italien, avec la collaboration de la Direction générale des Archives. Anciens combattants, membres du Gpra, membres du Malg (Ministère de l'armement et des liaisons générales) qui est un service de renseignements de l'Armée de libération nationale, amis de feu Mattei, tous ont souligné le rôle actif joué par cet «ancien ami» de l'Algérie en faveur de la Guerre d'Algérie. Outre l'ambassadeur d'Italie en Algérie et les responsables du Centre culturel italien à Alger, des personnalités algériennes étaient présentes, à l'image de Abdelhamid Mehri, ancien combattant et ex-secrétaire général du FLN, Réda Malek, ancien chef de gouvernement et ancien moudjahid, Daho Ould Kablia, président du Malg, également, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Bélaïd Abdesselam, ancien chef de gouvernement et ancien moudjahid, ainsi que de nombreux militants du Malg. Cette personnalité est connue, notamment, par sa contribution aux négociations du Gpra sur la question du Sahara. Il avait fourni des informations, qualifiées d'importantes, aux responsables chargés des négociations avec la partie française. Car, il faut le souligner, le dossier du Sahara était le plus important dans ces négociations vu la richesse de son soul-sol. En sa qualité de spécialiste dans le domaine pétrolier, il avait apporté son concours à la cause. Selon de nombreux témoignages, il avait fourni même une aide financière au FLN. Daho Ould Kablia témoigne que l'apport du défunt Mattei dans les négociations sur le Sahara était d'une importance qui mérite d'être soulignée. ««La question du Sahara constituait le grand problème dans les négociations avec la partie française. Il s'agit d'une région sur laquelle la partie française comptait beaucoup pour son développement. La France avait envisagé l'exploitation de la région après l'Indépen-dance. La partie algérienne était rentrée, avec certains spécialistes, dans le domaine pétrolier, dont Enrico Mattei, directeur de l'Entreprise nationale italienne des hydrocarbures. Il a fourni des informations importantes pour les membres du Gpra. Il s'agit d'un homme qui était très connu par ses positions anticolonialistes. Il était connu, également, comme un ami favorable à l'indépendance de l'Algérie. Plus tard, il était devenu un ami de nombreuses personnalités, dirigeants de la Révolution algérienne», a témoigné M.Ould Kablia. Et de préciser qu'il a apporté son concours lors de la Guerre d'Algérie. Sur le plan pétrolier, financier et juridique, «le Gpra a fait un travail extraordinaire avec, entre autres, l'aide des informations qui leur ont été fournies par Mattei», a-t-il ajouté. De son côté, Abdelhamid Mehri n'a pas manqué de souligner l'importance du rôle actif tenu par cette personnalité italienne. «C'est une personnalité qui a beaucoup aidé la révolution algérienne. Il avait une position juste. Il avait adopté le principe de l'indépendance de l'Algérie. L'Algérie lui sera reconnaissante en exprimant sa gratitude à travers les bonnes relations politiques et diplomatiques que l'Italie entretient avec l'Algérie», a-t-il dit. D'autres moudjahidine ont expliqué que feu Mattei était d'un grand apport moral, en plus de son aide financière. Ils expliquent que l'Algérie était exclue de l'activité pétrolière. Ce domaine a été dominé par les sept grandes sociétés multinationales, anglo-saxonnes et françaises. Mais, grâce à son apport, précisent-ils, les responsables du Gpra avaient pu s'informer sur les enjeux de la région. «Grâce aux documents qu'ils nous a fournis, nos dirigeants avaient eu une connaissance approfondie du pétrole et de l'enjeu des négociations sur le dossier du Sahara», avait raconté un membre du Malg, présent au colloque. D'autres personnalités sont intervenues, à l'image de Abdelmadjid Chikhi, directeur général du Centre des Archives nationales. Rappelons que M.Mattei est mort en octobre 1962 lors d'un crash de son hélicoptère. Pour M.Ould Kablia, la disparition de cette personnalité italienne était programmée par les services spéciaux français pour deux raisons: la première est liée à sa contribution dans le dossier des négociations sur le Sahara et la seconde à sa vision futuriste. «Les Français savaient à l'avance qu'ils allaient avoir affaire à un rude concurrent. Il menaçait en quelque sorte les intérêts de la France en Algérie, après l'indépendance.»