Les bulldozers sont partis hier à l'assaut de 38 baraques du bidonville de douar Cheklaoua, une excroissance qui dénature l'aspect urbanistique de la banlieue sud de la capitale de l'Ouest. Le site situé à cheval entre les communes d'Oran et d'Es Senia, abrite plus de 800 familles qui vivent agglutinées dans un fatras de baraques de fortune maintes fois démantelées et maintes fois reconstruites par des familles venues d'on ne sait où… Cette démolition s'inscrit dans le cadre d'un programme visant l'éradication de l'habitat précaire annoncé par le nouveau wali, Abdelmalek Boudiaf, lors de sa prise de fonction. L'opération, menée par l'APC d'Es Senia, s'est déroulée sous l'œil vigilant de gendarmes dépêchés afin d'éviter tout débordement. Pour les responsables communaux, cette première tranche annonce d'autres étant donné que l'objectif est de raser définitivement cet immortel bidonville qui ressuscite à chaque fois de ses cendres, à cause des tergiversations des autorités locales enclines à fermer l'œil au lieu de prendre leurs responsabilités. Les occupants ont été a maintes fois mis en demeure pour évacuer les lieux en raison des risques encourus, et ce, en perspective de la mise sur rail du train Oran-Es Senia-Arzew. Afin de ne pas donner l'occasion d'une «riposte des riverains», d'impressionnants moyens matériels ont été mobilisés par les responsables de la daïra d'Es Senia qui ont cependant procédé au recensement des familles concernées. Pour l'histoire, ce bidonville est né sur les cendres d'un autre complètement rasé au milieu des années 90 avec en plus le transfert de l'ensemble des occupants vers Gdyel. L'ancien bidonville a quant à lui pris forme à proximité d'un des deux centres de recasement de la ville d'Oran réalisé durant l'époque coloniale. Ce fait accompli n'était possible qu'en raison de la transformation du centre de recasement en une résidence définitive pour des familles sinistrées alors qu'il était destiné à accueillir ces dernières que pour des périodes transitoires. A travers la wilaya d'Oran on dénombre des dizaines de bidonvilles dont certains sont situés en pleine zone urbaine tel celui situé à Kouchet El Djir, édifié pourtant sur un terrain présentant des risques d'affaissement. Le dernier né de ces favelas est celui nommé Dubai, juste à l'entrée de Sidi Chami et qui a pris une ampleur au point où les gestionnaires de cette commune se retrouvent devant une véritable bombe à retardement, d'autant que l'établissement des listes des logements sociaux est actuellement en cours. Les familles délogées hier n'ont pas manqué de souligner qu'elles ont été surprises par cette opération qui aurait dû être programmée en été. «Nous estimons que nous avons été expulsés de nos habitations alors qu'il existe une loi qui fixe une trêve pour les expulsions en hiver. De plus, nos enfants sont scolarisés dans les écoles de la région, qu'allons nous faire, d'autant plus que nous n'avons pas où aller», affirment plusieurs habitants.