L'Algérie a ratifié la majorité des conventions et pactes internationaux relatifs aux droits de l'homme, mais cela est loin de refléter la réalité des droits de l'homme dans notre pays, selon Amnesty International (AI), qui considère que cet «empressement est destiné à la consommation externe et à soigner l'image de marque du pays qui est toujours sous état d'urgence». S'exprimant dans une conférence de presse sous le thème «L'Algérie et les pactes internationaux relatifs aux droits de l'homme», tenue au siège de la section algérienne d'AI, à l'occasion du 62e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH), maître Habib Kheddache, avocat, membre fondateur et ex-président de l'association, a déploré le «vide juridique» qui caractérise la ratification par l'Algérie de ces pactes. «L'Algérie a ratifié plus de 40 pactes relatifs aux droits de l'homme mais il est déplorable de constater que leur publication au Journal officiel intervient parfois plus de 10 années après», a regretté le conférencier, qui considère ce «vide juridique» est contraire à l'esprit de ces lois. «Il n'existe aucune disposition constitutionnelle ou légale régissant la question de la non-publication des conventions internationales dans le Journal officiel», a-t-il expliqué, considérant que ces loi sont donc «inexistantes». S'attardant sur deux pactes internationaux des plus importants, à savoir le pacte relatif aux droits civils et politiques et celui relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, et qui constituent de fait «la charte des droits de l'homme», le conférencier a estimé que «l'Algérie n'a ratifié les pactes relatifs aux droits de l'homme que sous la pression de la rue après les événements d'octobre 1988». Evoquant la convention contre la torture, maître Kheddache a relevé «l'accord» dès 1985 de l'Algérie qui a également ratifié la création d'une commission à cet effet dans le cadre de la même convention, «mais la ratification n'est intervenue qu'en 1989». «Pire, comme les deux précédents pactes, la publication sur le Journal officiel n'est intervenue qu'en 1997», déplore le conférencier, qui s'est appuyé sur le rapport d'AI de 2003 pour considérer que «malgré un recul constaté, la torture existe toujours en Algérie». Le conférencier n'a pas omis de rappeler par ailleurs la position de l'ONG sur la peine de mort, estimant que son abolition en Algérie est imminente, malgré l'opposition de la mouvance islamiste et d'institutions de l'Etat. «Beaucoup de paramètres nous font dire que le président Bouteflika est favorable à l'option», s'est-il contenté de répondre aux journalistes, rappelant que depuis 2005, malgré plus de 200 condamnations à la peine de mort, aucune n'a été appliquée. Prié de donner son avis sur la situation des droits de l'homme dans le pays, le conférencier a ôté sa casquette de représentant d'Amnesty en s'exprimant en tant que citoyen. «La situation est des plus déplorables», juge-t-il.