Le gus se trimbalait dans le couloir d'un appartement dont la porte serait entrouverte juste pour pousser le rôdeur à se créer des ennuis. Nadia Mamèche, la juge, a vivement condamné le fait d'entrer chez des gens sans au préalable taper sur la porte. Chérif L., la vingtaine, est surpris dans le couloir d'un domicile à Boufarik. Ce qui est rare dans la région. A la barre, le détenu avoue le délit de violation de domicile, mais se donne une excuse : - «La porte d'entrée était entrouverte», dit-il, honteux, confus et vert de remords. - «Ah bon ! On entre chez les gens sans taper à la porte même ouverte !», lance Nadia Mamèche, la présidente de la section pénale. - «J'ai tapé à la porte. Je voulais voir Mohamed pour qu'il me remette quelque chose. Nous avions convenu de nous voir dans les parages, et comme il ne s'était pas manifesté j'avais pris la résolution de monter chez lui. J'ai effectivement frappé à la porte entrouverte. Personne n'a répondu.» Abdelkrim Bouzidi raconte comment il a surpris le jeune dans le couloir et tous les désagréments... Rafik B., le jeune témoin, est appelé. Il ne prête pas serment. «Je l'ai surpris chez nous. Je lui ai demandé ce qu'il voulait. Il m'a répondu qu'il cherchait Mohamed pour discuter avec lui. J'ai pris le portable pour vérifier l'info. Mohamed a démenti tout rendez-vous», a-t-il articulé avant d'être remercié par, d'abord, Khaled Kouchim, le représentant du ministère public et par Mamèche, la juge, qui allait entendre la dame témoin et en même temps maîtresse de maison. Elle allait d'ailleurs être son avocate inattendue, en déclarant que c'était un gentil garçon... - «Madame, vous êtes ici comme témoin !», coupe la présidente qui avait signifié sèchement les deux délits : violation de domicile et tentative de vol, délit non évoqué. Khaled Kouchim, le procureur, réclame deux ans de prison ferme pour violation de domicile et vol. L'avocat plaide coupable pour la violation de domicile, même s'il s'accroche à cette fameuse conception d'une porte entrouverte rejetée par le tribunal. Il va alors devoir nier la tentative de vol, car «même au cours des débats, ce délit n'avait même pas été évoqué», a dit Me Hakim Rezzoug qui a qualifié cette affaire de banale, avant de répéter que la tentative de vol n'a pas été débattue.