Cherif Kheddam, l'un des pères de la musique algérienne, ce monument de l'art et de l'innovation, du haut de ses 82 ans et 50 ans de carrière, continue de produire et d'aider les jeunes de sa nation. Cherif Kheddam est un auteur, compositeur, chanteur, formateur et exemple de savoir et de richesse. Un hommage lui a été rendu hier à la salle Ibn Zeydoun par un panel d'artistes et de compagnons, mais aussi de fans venus en force apporter leurs témoignages sur l'homme et l'artiste. «C'est un livre ouvert qu'il faut léguer aux générations futures», «c'est un rassembleur, un homme d'une grande générosité». ou encore, «c'est un père, un frère et un compagnon de carrière», ont déclaré tour à tour les invités d'hier. Est-il suffisant ? Voyant la stature de l'homme et de l'artiste, le commun des algériens dira non. «Il est l'homme qui a un parcours sans faute, sans faille. sa droiture, son éducation et son amour pour la patrie font de lui un monument». Lui, c'est le maître Cherif Kheddam. Un homme qui mérite tous les hommages, un artiste qui a donné un souffle rénovateur à l'art algérien contemporain en général et à la musique en particulier. Cherif Kheddam a été et reste le maître de la musique algérienne de tous les temps, par son parcours sans faute et riche en production. C'est ainsi que son manager et producteur, Boudjeli a eu l'idée de mettre en œuvre un DVD et un Cd retraçant le parcours de cet homme de l'art et de la musique. Hier, la salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth était pleine à craquer, tous venus pour apprécier ce travail dédié à « Da Cherif» comme l'appellent ses amis même plus âgés que lui, à l'image de Mohamed Hilmi et son frère Saïd, Ali Sayad, producteur, réalisateur de radio, chercheur et anthropologue, son cousin et biographe, Tayeb Kheddam. Mais aussi l'une de ses meilleures élèves et diva de la chanson algérienne Nouara qui a qualifié le maître de «père, frère et compagnon de carrière». Cherif Kheddam, ce virtuose du luth, celui qui a redonné naissance à cet instrument disparu en l'an 1250 sous le règne des Almohades qui ont interdit toute forme de musique et ont détruit tout instrument existant à l'époque. «Cherif Kheddam est revenu avec cet instrument en rentrant de Tunis là où il a suivi des cours de musique durant les années 1950», a expliqué Ali Sayed. Cherif Kheddam qui caresse les six fils jumelés de son luth avec une délicatesse que seul un grand maître peut le faire. «Après Cherif Kheddam, il sera difficile, voire impossible, de trouver un remplaçant, sauf miracle», a déclaré l'homme de théâtre et ami du maître, Mohamed Hilmi. «l'artiste de quartier», comme il s'est nommé, Réda Doumaz, enchaine «au moment où Farid Al Atrach et Mohamed Abdelwahab piquaient des symphonies par ci et par là, Cherif Kheddam innovait et algérianisait l'art de la musique, c'est un monument dont il faut prendre soin». Taos Amrouche l'invitée surprise C'est un Abdelmadjid Bali ému que le public a découvert hier à Ibn Zeydoun. Il a offert à l'assistance un voyage merveilleux dans le temps en rappelant le festival panafricain de 1969. un festival qui a privé Taos Amrouche de se produire sur scène. Mais cela n'a pas empêché Abdelmadjid et un groupe d'amis étudiants à l'époque, tels que Saïd, Hend, et Ramdane Sadi, d'offrir à Taos l'estrade de la cité universitaire de Ben Aknoun pour chanter ses mélodies en présence du maître Chérif Kheddam. «Il était assis devant la scène, Taos commence à chanter en utilisant un bendir, mais au bout de quelques paroles, Da Cherif se lève, monte sur la scène, ôte le bendir à Taos et l'accompagne tout au long de ce concert. N'est-ce pas un maître celui-là ? Il l'est et le restera à jamais». Cherif Kheddam aura droit à un long métrage que son manager pense lui consacrer, et invite tous les artistes algériens à prendre part à ce travail pour cet éternel chanteur qu'est Cherif Kheddam.