Une centaine de députés afghans ont exigé hier du président Hamid Karzaï qu'il convoque la nouvelle chambre basse du Parlement d'ici le 19 décembre pour sortir l'Afghanistan de son incertitude politique. Alors que le président américain Barack Obama est engagé dans un examen de la stratégie des Etats-Unis en Afghanistan, la Wolesi Jirga n'a toujours pas été réunie depuis les élections législatives du 18 septembre, entachées de fraudes massives, selon les Nations unies. Les résultats définitifs du scrutin dans les 34 provinces du pays ont été annoncés le 1er décembre, mais le procureur général d'Afghanistan, nommé par le président Hamid Karzaï, a réclamé ce week-end à la Cour suprême d'annuler les résultats du vote. Parmi les députés réunis hier, figure le président de la chambre basse, Mohammad Younis Qanuni. Certains soupçonnent Hamid Karzaï d'être à l'origine de la manoeuvre lancée par le procureur général, dont la légalité semble douteuse aux yeux des observateurs. «Nous allons fixer une date butoir à Karzaï pour l'installation du Parlement», a déclaré hier à Reuters Fawzia Kufi, une élue de la province de Badakhshan, quelques instants avant l'annonce du choix du 19 décembre. «Il ne peut pas continuer à repousser l'échéance», a-t-elle ajouté. Comme plusieurs autres candidats élus le 18 septembre, elle affirme que le procureur général Ishaq Aloko n'est pas habilité à réclamer l'annulation des résultats. «Le palais présidentiel est derrière cette requête. Les résultats des élections ne conviennent pas à Karzaï», a-t-elle dit. Le procureur général ne s'est pas exprimé publiquement depuis que la télévision afghane a fait état samedi soir de son appel en direction de la Cour suprême. Responsable du service des plaintes auprès du procureur général, Hafizullah Hafiz a affirmé qu'une lettre avait été adressée à la Cour suprême pour lui demander d'annuler les résultats et d'ordonner un recomptage des voix. Porte-parole de la cour, Abdul Wakil Omari a, pour sa part, assuré que son institution n'avait rien reçu de la part des services du procureur général. Il a précisé que les candidats pouvaient déposer des recours individuels mais il est resté vague quant à la possibilité pour la Cour suprême d'annuler l'ensemble du scrutin.