Le président afghan Hamid Karzaï s'est réjoui hier des propos tenus par le président américain Barack Obama, sur la possibilité d'ouvrir le dialogue avec des talibans «modérés». Lors d'un rassemblement à Kaboul marquant la Journée internationale de la femme, M. Karzaï a affirmé que l'idée soutenue par Obama, concernant «les discussions avec les talibans qu'il considère comme modérés», était une «très bonne nouvelle». Cette position, selon lui, est celle «du gouvernement afghan depuis longtemps», précisant qu'il était disposé à dialoguer uniquement avec les talibans qui ne sont pas affiliés au réseau Al Qaïda ou à des groupes «terroristes». A ce propos, le chef de l'Etat afghan a souligné que «seuls ceux qui combattent leur pays parce qu'ils y sont contraints, parce qu'ils ont peur ou pour d'autres raisons» étaient «les bienvenus». Les propos du président afghan interviennent après que Obama eut estimé dans une interview publiée samedi par le New York Times, que les Etats-Unis n'étaient pas en train de gagner la guerre en Afghanistan et a laissé entendre que le pays pourrait entamer des discussions avec des talibans modérés. Le président Karzaï a proposé à plusieurs reprises aux rebelles talibans d'entamer des négociations en échange de leur désarmement et de leur engagement à respecter la Constitution. Les talibans, chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition emmenée par les Etats-Unis, poursuivent toujours leurs attaques en Afghanistan malgré la présence de près de 70 000 soldats étrangers. Sur un autre plan, le président Karzaï se rendra après-demain en Iran pour participer à un sommet économique régional à Téhéran. Cette visite interviendra alors que l'Iran «réfléchit» à sa participation à une conférence internationale sur l'Afghanistan proposée par les Etats-Unis pour la fin du mois courant. «Les présidents d'Afghanistan, d'Azerbaïdjan, du Pakistan, du Tadjikistan, de la Turquie, du Turkménistan et deux invités d'honneur, l'émir du Qatar et le président irakien, participeront» au sommet de l'Organisation économique régionale, a dit le porte-parole de la diplomatie iranienne, Hassan Ghashghavi, cité par le quotidien Hamshahri. Le président afghan Hamid Karzaï doit remettre en jeu son mandat présidentiel lors d'une élection prévue le 20 août. Téhéran entretient des liens étroits avec l'Afghanistan, notamment avec ses populations chiites établies à l'ouest, de l'autre côté de la frontière entre les deux pays. L'Iran était en revanche opposé au régime extrémiste sunnite des talibans (1996-2001). La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a proposé, jeudi dernier, la tenue d'une conférence ministérielle internationale sur l'Afghanistan, le 31 mars, pour définir une meilleure stratégie de reconstruction et de pacification du pays, où la rébellion menée par les talibans gagne du terrain depuis deux ans. Vendredi, elle a appelé l'Iran à y participer, estimant que Téhéran avait «de nombreuses raisons» de le faire. En décembre 2008, l'Iran avait boudé une réunion internationale sur l'Afghanistan organisée par la France. 2 policiers afghans tués par erreur dans un combat Deux policiers afghans qui avaient ouvert par erreur le feu sur une patrouille des forces de sécurité afghanes et internationales, au nord-est de Kaboul, ont été tués dans l'affrontement qui a suivi, a indiqué hier la coalition dans un communiqué. L'incident s'est produit tard vendredi soir, au cours d'une patrouille des soldats des forces spéciales afghanes et de la coalition, sous commandement américain, dans le district de Tagab de la province de Kapisa, à près de 60 km au nord-est de la capitale. Les soldats ont rencontré des individus armés à proximité d'un poste de contrôle de la police. «Soupçonnant qu'il pouvait s'agir de policiers afghans, les soldats ont tenté par plusieurs méthodes de s'identifier comme des alliés, y compris en demandant à un interprète d'adresser la parole en pachto aux hommes armés, mais ceux-ci ont ouvert le feu», a expliqué la coalition. Les soldats ont riposté en légitime défense, tuant deux personnes.