Combien d'enquêtes ont été ouvertes par la gendarmerie nationale ou la brigade économique agissant sur des informations relatées par des lettres anonymes de dénonciation de corruption, de malversations et d'abus ? Elles sont devenues ces dernières années le moyen le plus utilisé par les citoyens, notamment les travailleurs, au niveau de Constantine. Ces derniers prennent un risque car les dénonciations anonymes peuvent se retourner contre leurs auteurs. «Les dispositions de l'article 300 du code pénal prévoient des sanctions lourdes contre les dénonciations calomnieuses», a indiqué Me Arbaoui, avocat à la cour suprême, qui souligne que les affaires relatives aux lettres anonymes se sont multipliées, surtout suite aux amendements introduits dans le code pénal afin de permettre à la justice de les prendre en considération». cependant, les juristes précisent que les poursuites du chef de dénonciation calomnieuse peuvent être engagées contre l'auteur «soit après jugement ou arrêt d'acquittement ou de relaxe, soit après ordonnance ou arrêt de non-lieu, soit après classement de la dénonciation par le magistrat, fonctionnaire, autorité supérieure ou employeur compétent pour lui donner la suite qu'il était susceptible de comporter». Cependant et malgré ce risque, les lettres anonymes affluent. «Plus d'une vingtaine ont été envoyées depuis le début de l'année à la brigade économique», annonce-t-on, laquelle se place à la tête des institutions par rapport au nombre de lettres reçues. L'APC et les transactions des élus locaux attisent également un nombre important de lettres plaignantes. Ce sont généralement les directeurs et hauts fonctionnaires qui sont dénoncés. Un exemple flagrant qui a défrayé la chronique constantinoise récemment, celui de l'attribution de 67 villas sises à la cité Zouaghi Abdeslam, destinées à l'origine à des cadres des services de la wilaya de l'est algérien à l'époque de l'ancien wali. Une enquête a été ouverte le mois dernier pour vérifier le fait que ces villas ont été attribuées à des personnes étrangères n'ouvrant pas droit. La liste des bénéficiaires a été composée de commerçants et des hommes d'affaires connus dans la wilaya, en plus d'entrepreneurs et de cadres de la sécurité n'ouvrant pas droit à ces villas dont le prix dépasse les 2 milliards de centimes payés sur 20 années.