Le royaume du Maroc est la «principale source d'instabilité» dans la sous-région du nord-ouest de l'Afrique, a souligné le président de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), Mohamed Abdelaziz, dans un entretien accordé à plusieurs médias et publié dans son intégralité sur le site d'information mauritanien Nouakchott Info. Mettant en exergue le fait qu'aucun acte terroriste ou d'instabilité ne s'est produit depuis le 6 septembre 1991, date du cessez-le-feu entre le Maroc et le Front Polisario, dans les territoires sahraouis libérés, le président Abdelaziz a affirmé que du point de vue sahraoui «c'est le royaume du Maroc qui est la principale source d'instabilité dans la sous-région du nord-ouest de l'Afrique». «La guerre que mène le Maroc au Sahara occidental, pour imposer un état de fait militaire et annexer par la force ce territoire, est une source d'instabilité, de tension permanente et de malentendus entre les Etats et les parties, qui empêche l'existence de politique de confiance, de coopération et de bon voisinage pour faire face aux problèmes qui existent ou qui peuvent exister», a-t-il poursuivi. Dans sa réponse à une question relative à des allégations sur «l'utilisation des territoires sahraouis libérés comme zone de transit par des groupes terroristes de l'Aqmi», M. Abdelaziz a relevé que dans ces zones libérées il y a les observateurs des Nations unies, notamment de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara occidental) et l'administration et les forces armées de la Rasd, outre qu'elles sont ouvertes aux visiteurs internationaux. «Ces accusations sont, en toute franchise, l'œuvre du Maroc dont les services officiels s'en font l'écho pour porter atteinte au peuple sahraoui et à l'Etat sahraoui et aussi pour jeter de la poudre aux yeux à l'opinion publique internationale», a-t-il ajouté. Le président sahraoui a rappelé, dans ce contexte, que le Maroc est considéré comme l'un des plus anciens pays producteurs de drogue, en particulier le haschisch qu'il exporte partout, notamment en Europe, via la mer, l'Algérie, le Sahara occidental, la Mauritanie via l'océan et le désert saharien, affirmant que «c'est ce qui explique la présence de bandes spécialisées dans le trafic de drogue». A propos des négociations informelles de Manhasset, il a insisté sur le fait que c'est le Maroc qui bloque les négociations, rappelant, à cet effet, que la Rasd a fait des «concessions» en acceptant de soumettre au peuple sahraoui l'offre marocaine «d'autonomie», à côté de celle de l'indépendance. «C'est une concession énorme (...). Mais nous disons même plus : si le peuple sahraoui choisit l'indépendance, nous sommes prêts à négocier avec le Maroc dans un climat serein et avec un esprit d'ouverture et d'entente, et à discuter avec lui de ses préoccupations économiques, stratégiques et sécuritaires de façon ouverte et positive», a-t-il souligné. M. Abdelaziz est revenu, en outre, sur l'attaque sanglante perpétrée par les forces armées marocaines dans le camp de Gdeim Izik, le 8 novembre passé, notant que cette attaque est intervenue 8 heures environ avant le début des négociations de Manhasset. «Nous étions soumis à un véritable tiraillement, à savoir agir par sentiments et émotions ou agir avec raison», a-t-il expliqué, relevant que le timing de l'attaque sur Gdeim Izik «laissait le sentiment que le Maroc voulait se soustraire aux négociations» et en faire «porter la responsabilité» au Front Polisario. «Nous avons compris le piège et nous avons décidé d'aller aux négociations. Je crois que nous avons déjoué la manœuvre marocaine», a affirmé le président sahraoui.