Le président Omar El Bechir a prévenu cette semaine qu'il n'accepterait pas d'«alternative à l'unité» du Soudan, le plus grand pays d'Afrique, à l'issue du référendum prévu le 9 janvier. Déclarations belliqueuses, tensions à propos d'une zone pétrolifère contestée, craintes de la communauté internationales: le Soudan montre des signes inquiétants, mais aussi ambigus, à près de trois mois du référendum d'indépendance du sud du pays. Le président soudanais Omar El Bechir a prévenu cette semaine devant l'Assemblée nationale qu'il n'accepterait pas d' «alternative à l'unité» du Soudan, le plus grand pays d'Afrique, à l'issue du référendum prévu le 9 janvier. Il avait pourtant affirmé auparavant qu'il s'engageait à respecter le choix des Sud-Soudanais, même s'ils préféraient la sécession à l'unité, si et seulement si le référendum était «libre» et «juste». «Le discours du président ne doit pas être compris comme une menace. Il a présenté aux Sudistes des incitatifs afin de les convaincre d'opter pour l'unité», a dit à Rabie Abdulatti, un haut responsable du Parti du congrès national (NCP, au pouvoir). M.Bechir a proposé un partage avantageux du pouvoir et des ressources aux Sudistes, a-t-il ajouté précisant que le pouvoir à Khartoum était engagé dans la poursuite d'un référendum «libre, sans fraude et sans intervention extérieure». Le Nord, majoritairement musulman, et le Sud, en grande partie chrétien, ont mis fin en 2005 à plus de deux décennies d'une guerre civile qui a fait deux millions de morts. A l'approche du référendum, et d'une probable victoire de l'option sécessionniste, les craintes d'un retour à la guerre hantent les esprits. «Je crains que ce qui est arrivé en Somalie risque de nous arriver à nous, au Soudan, voire même en pire, car les Somaliens ne sont qu'un peuple, un pays, une religion, alors que nous sommes composés de différents groupes», a estimé l'opposant islamiste soudanais Hassan al-Tourabi. Le président américain Barack Obama, dont le pays joue un rôle crucial dans les négociations Nord-Sud, a mis en garde contre le risque de «millions de morts» en cas de retour à la guerre civile Nord-Sud. «Il y a beaucoup de confusion, d'émotions, de contradictions, mais rien n'est encore joué, ça peut aller dans un sens, comme dans l'autre» -la guerre ou la paix-, explique à Roland Marchal, spécialiste du Soudan à Sciences-PO Paris. Malgré des déclarations parfois belliqueuses, les responsables du NCP et les ex-rebelles sudistes du Mouvement populaire de libération du Soudan (Splm) poursuivent leurs discussions sur le partage du pétrole, la frontière et la citoyenneté. Le Soudan produit actuellement 500.000 barils de brut par jour, dont les trois quarts proviennent de champs pétrolifères au Sud-Soudan ou dans des zones contestées à la lisière Nord-Sud. Le Sud-Soudan, vaste région enclavée au coeur du continent africain, ne dispose toutefois pas de pipeline et doit utiliser les oléoducs traversant le Nord-Soudan afin d'exporter son pétrole, ce qui force les deux parties à collaborer. «Un accord dépend de la part qui sera attribuée au Nord des ressources pétrolières du Sud et de la méthode choisie pour calculer cette part», selon une récente étude de l'Institut allemand pour les affaires internationales et sécuritaires. Celle-ci fait néanmoins état de «divergences importantes» entre les deux camps sur le partage pétrolier qui pourrait à terme mener à un nouveau conflit. Autre pomme de discorde: la région pétrolière contestée d'Abyei. Le parti présidentiel a affirmé l'impossibilité de tenir à la date prévue, le 9 janvier, un second référendum sur le statut de cette région, située à la lisière du Nord et du Sud du Soudan, ce qui a provoqué la colère des sudistes. «Tout délai est inacceptable. Cette annonce pourrait affecter l'ensemble du processus de paix», a prévenu Pagan Amum, secrétaire général du Splm.