L'Etat devait entreprendre les mesures visant à stabiliser les prix des produits de base bien avant le soulèvement de la population. C'est le point de vue exprimé par l'expert et consultant international Abdelmalek Serraï. Ce dernier estime que «la situation était claire, il fallait donc agir au moment opportun et ne pas attendre que des émeutes éclatent aux quatre coins du pays». Joint hier par nos soins, il a précisé que «l'Etat a corrigé une situation déjà attendue, les mesures prises par le gouvernement viennent confirmer le malaise qui sévit depuis très longtemps en Algérie». «De notre part, indique-t-il, nous avons averti les pouvoirs publics sur la tension qui régnait à travers des écrits où moi personnellement j'ai demandé à défiscaliser les produits alimentaires avant que cela soit trop tard, mais malheureusement, le gouvernement a trop attendu pour réagir, il a laissé faire les choses et, aujourd'hui, on se retrouve avec d'importants dégâts», estime M. Serraï qui ajoute qu'«il s'agit d'un manque de prévoyance de la part de notre gouvernement». «Aujourd'hui, poursuit-il, on ne peut pas dire que l'Etat a cédé aux pressions sociales, mais a corrigé ses erreurs d'appréciation et de timing, nous avons vécu une crise qui était attendue depuis belle lurette.» Toutefois, notre interlocuteur espère que «ces mesures seront suivies par d'autres liées au contrôle sévère». «L'Etat ne doit pas seulement prendre des décisions, mais réfléchir profondément et intelligemment pour trouver des solutions adéquates au moment voulu». D'après l'économiste, l'Etat doit tout d'abord «recenser tous les commerçants non enregistrés, mais pas dans le sens de les sanctionner, plutôt de les aider et les orienter vers le formel pour une meilleure visibilité du commerce».