L'expert en économie propose la révision du système de rémunération des cadres des finances. Plus de 700 cadres supérieurs fuient les banques publiques pour rejoindre le privé. C'est ce qu'a affirmé hier l'expert en économie, Abdelmalek Serraï. Intervenant à une rencontre-débat sur le système financier, organisé par le centre de presse d'El Moudjahid, M.Serraï souligne que «si le gouvernement ne trouve pas de solutions à cette situation, le secteur va subir une grande perte». Jugeant la situation très inquiétante, l'expert propose la révision du système de rémunération afin de stopper l'hémorragie des cadres. Selon le secrétaire général de l'Abef, Abderrahmane Benkhalfa, cette question constitue actuellement une des priorités du ministère des Finances. M.Serraï a saisi également l'occasion pour soulever plusieurs préoccupations relevant du secteur bancaire: des projets de micro-crédits qui sont bloqués à cause des procédures inhérentes aux crédits bancaires, des opérateurs étrangers qui se plaignent des retards dans le paiement des créances. Trop évasif, le représentant de l'Abef s'est contenté de reconnaître qu'il y a beaucoup de travail à faire dans ce sens. Les crédits bancaires sont estimés, jusqu'à fin 2006, à 1941 milliards de dinars. Les banques ont financé jusqu'à cette date, 95.000 projets émanant de l'Ansej, Cnac et de l'Angem. Le coût du financement de ces projets est de 135 milliards de dinars. Les crédits à la consommation sont de l'ordre de 63 milliards de dinars. Quant aux crédits obligataires, ils sont évalués à 170 milliards de dinars. M.Benkhalfa a annoncé par ailleurs la mise en place d'un «observatoire de taux d'intérêt». Son rôle est de restituer la moyenne des taux pratiqués sur le marché. En outre, les opérations de commerce externe domiciliées au sein des banques ont engrangé la somme de 21 milliards de dollars. Sur ce point, M.Benkhalfa reconnaîtra que les opérations de transfert externe sont des plus délicates pour le secteur. D'ailleurs, a-t-il affirmé, plusieurs dossiers d'opérations douteuses sont au niveau de la justice. Il a relevé, en outre, qu'il y a une surcharge sur le réseau bancaire existant. Actuellement, il existe 1316 points bancaires avec une évolution de 75 créations nouvelles chaque année. «Il faudrait atteindre 15.000 points bancaires», indiquera le SG de l'Abef. L'autre point évoqué concerne la lutte contre le blanchiment d'argent. Selon certaines sources, 56 déclarations de soupçons provenant des banques ont été enregistrées dernièrement. D'autres avancent le chiffre 80 avec des sommes colossales estimées à des millions de dollars. Le nombre de ce genre de déclarations a doublé par rapport à celui du début de l'année. Il était de 46 en janvier dernier. Selon les responsables de la Cellule de traitement du renseignement financier (Ctrf), de 2004 jusqu'à septembre 2006, il y a eu 12 déclarations de soupçon liées aux opérations de blanchiment d'argent. Donc, le phénomène prend de plus en plus d'ampleur. Défendant son institution, M.Benkhalfa évoquera les moyens juridiques et techniques pour mener à bien la lutte contre le blanchiment d'argent, entre autres la création de la centrale des risques. «L'Algérie n'a jamais figuré dans la liste sur le blanchiment d'argent, élaborée par le Groupe d'action financière international (Gafi)», s'est-il réjoui. En outre, certains représentants du patronat qui étaient présents à cette rencontre, ont soulevé la question des relations opérateurs écomiques-banques. Ils remettent en cause les lenteurs des banques ainsi que leurs prestations de service. D'ailleurs, de juillet à octobre, 19 contentieux entre les opérateurs et les banques ont été solutionnés. Interrogé sur la sanction de quatre banques publiques, M.Benkhalfa n'a ni affirmé ni infirmé l'information. Il a tenu à préciser que les banques sont soumises à des contrôles très rigoureux menant parfois à des sanctions ou à des retraits d'agrément.